En cette période de pandémie, les bavettes de prévention, devenues pourtant obligatoires, ne constituent visiblement pas l'accessoire le plus prisé des Algérois, ou du moins, d'un certain nombre d'entre eux. Si la majorité des citoyens se montre disciplinée, de nombreux autres passent outre les recommandations des autorités sanitaires en vaquant à leurs occupations sans aucune protection. Dans certains espaces publics, dans les commerces ou en voiture, il est loisible de constater que ce moyen de protection est souvent négligé, puisque porté sous le menton, voire carrément zappé. C'est d'autant plus préoccupant, fait savoir un infirmier au CHU Mustapha Pacha, que «dans les magasins de type supérette, ainsi que dans les marchés ou les souks, les règles de distanciation peinent à être respectées. Même les gens qui portent la bavette la mettent de manière inappropriée en se couvrant uniquement la bouche», déplore-t-il. Des citoyens au visage totalement découvert n'hésitent pas à montrer leur scepticisme quant à l'efficacité de la bavette. «Je ne pense pas qu'un morceau de tissu puisse protéger les personnes de la maladie», confie un père de famille. D'autres s'en tiennent au «mektoub» et se laissent porter par l'onde de la fatalité. «Cette maladie est une volonté de Dieu, on ne peut donc rien faire face à elle», se plait à dire Farouk, un jeune commerçant au marché Tnach, et d'ajouter : «A quoi bon porter une bavette si notre sort est déjà scellé ? S'il est écrit au ciel que je vais attraper la maladie, aucun vaccin, bavette ou solution hydroalcoolique ne pourra m'en prémunir.» En ce début de la saison estivale, des citoyens trouvent qu'il est impossible de porter la bavette à cause de la chaleur. «Le masque m'empêche de respirer convenablement. Je suffoque presque, d'autant que la température dépasse les 30 degrés. Je crois que le meilleur moyen de nous prémunir contre la Covid-19 est la distanciation physique et rien d'autre. Pour moi, le masque, s'il n'est pas chirurgical, ne sert absolument à rien. Le mieux c'est de se tenir éloignés les uns des autres d'au moins un mètre», confie un citoyen. Certains comportements restent inacceptables, car ils dénotent d'un laisser-aller avéré, sinon à la limite de la négligence. Il est courant que des personnes entrent dans les pharmacies le visage non couvert par une bavette. Les pharmaciens les accueillent, comme si de rien n'était, alors que ce sont ces corps de métier qui doivent veiller le plus à la sensibilisation des citoyens. «Si on veut sortir du confinement et reprendre une vie normale, il est impératif de respecter les mesures sanitaires, chacun dans son domaine. Je n'arrive cependant pas à comprendre ce genre de comportement de la part de certains pharmaciens qui doivent en principe montrer l'exemple», dira un citoyen. Les médecins estiment que les inconvénients liés au port du masque sont «mineurs par rapport à un enjeu de santé publique aussi important», soulignant que la prévention «constitue, pour l'heure, la meilleure des armes pour lutter contre la pandémie du coronavirus.