Les chauffeurs de taxi continuent de manifester depuis deux jours au niveau de la station de transport inter-wilayas du Caroubier. A l'origine de ce mouvement de protestation, les conditions de reprise de leur activité imposées par les pouvoirs publics dans le cadre de la deuxième phase de déconfinement progressif. Ces mesures, que les chauffeurs de taxi doivent, appliquer, sont qualifiées de draconiennes et de rigoureuses. Hier, le siège du syndicat national des chauffeurs de taxi à Alger été encore cerné par les protestataires, sous la surveillance de la police. «Nous avons supporté trois mois de confinement, c'est-à-dire trois mois de chômage forcé. La plupart d'entre nous ont atteint des seuils de dénuement inimaginables. La reprise de l'activité a été saluée par l'ensemble des chauffeurs de taxi, mais les conditions drastiques imposées par les pouvoirs publics nous ont vite désenchantés», déplore Abdelouahab, un chauffeur de taxi membre du syndicat d'Alger. Le gouvernement a autorisé dimanche la reprise de la circulation des transports urbains (taxis, bus et tramways), mais les conditions très strictes imposées par les autorités suscitent le mécontentement des chauffeurs de taxi, inquiets pour leur manque à gagner. En effet, avant de reprendre leur activité, les chauffeurs de taxi doivent d'abord installer une séparation en plexiglas entre eux et les clients et doivent également mettre à leur disposition du gel hydroalcoolique et ne prendre qu'un client à la fois. En outre, le chauffeur est tenu de fournir une bavette si le client n'en a pas, sans quoi il ne pourra pas reprendre du service. «Si je fais une course de 100 DA et que je doit en contre partie débourser 250 DA pour le client, ce n'est plus rentable. Les autorités doivent nous aider», suggère-t-il. D'après les représentants des chauffeurs de taxi, les autorités doivent contribuer en prenant à leur charge le coût généré par ces dispositions, à savoir «l'aménagement des véhicules, les bavettes, le gel hydroalcoolique doivent être fournis par les pouvoirs publics, sinon l'activité ne serait plus rentable», souligne K. Moumen, un père de famille nombreuse. Rappelons que le port du masque sanitaire est obligatoire depuis le 24 mai et les contrevenants sont condamnés à de lourdes amendes. Les chauffeurs de taxi de la capitale ne rejettent pas ces dispositions, mais demandent qu'elles soient mises en œuvre par les autorités. «Ce n'est pas aux chauffeurs de taxi de fournir le gel hydroalcoolique et le masque. Rien que pour un masque, je dois débourser 70 DA, alors que certaines courses ne dépassent pas 50 DA. Si les pouvoirs publics veulent protéger les citoyens de la propagation de la pandémie de Covid-19, ils doivent mettre le paquet. Et c'est aussi une forme de solidarité avec les professionnels du transport qui n'ont pas travaillé depuis trois mois», explique-t-il.