Le relâchement dans les mesures sanitaires d'une partie de la population dans la capitale devant l'inquiétante recrudescence des cas confirmés de coronavirus tranche singulièrement avec l'angoisse de très nombreux citoyens, impuissants devant l'incurie et la désinvolture de certains de leurs concitoyens. A la station de transport urbain de Tafourah, les agents et contrôleurs de l'Etusa n'arrivent plus à imposer la discipline. Des voyageurs se bousculent devant les portes des bus, foulant aux pieds les distances physiques. Des usagers montent dans les bus sans bavettes, d'autres les mettent carrément sous le menton. «A quoi peut bien servir un masque s'il est posé en dessous du menton», se désole Fateh, chauffeur de bus ; «dès qu'ils montent dans le bus, certains passagers enlèvent immédiatement les masques», regrette-t-il. Ces bavettes sont devenues au final une sorte de sauf-conduit qui permet d'accéder aux bus et ne pas se faire refouler. «Nous avons pris le soin de respecter à la lettre les directives des autorités en désinfectant les bus et en installant une plaque en plexiglass pour isoler le chauffeur des usagers, mais il se trouve des gens qui n'arrêtent pas de triturer leur bavette pour poser ensuite leurs mains sur les banquette, d'autres l'enlèvent carrément et mettent les autres passagers en danger», se lamente Fateh avant de se plaindre de certains clients «irresponsables» qui ne «supportent pas qu'on leur fasse la moindre remarque». Ce petit échange avec un chauffeur de bus en dit long sur le fossé qui sépare les personnes responsables, soucieuses de contribuer à freiner la propagation du virus, et certains citoyens n'ayant visiblement cure des gestes simples destinés, pourtant, à les protéger et à protéger leur entourage. Les médecins le disent chaque jour, qui sur les réseaux sociaux, qui sur les ondes de la radio. «L'indiscipline et le laisser-aller sont, à 90%, à l'origine de l'augmentation des cas de contaminations». Il faut nous rendre à l'évidence que les chiffres grimpent substantiellement à chaque fois que les autorités lâchent un peu de lest. «Il faut impérativement recourir à la verbalisation des citoyens qui bravent les mesures sanitaires», suggère un père de famille qui accompagne ses enfants pour un trajet en bus. «Je suis obligé de prendre le bus avec mes enfants, mais dans ces conditions je préfère rebrousser chemin, car le risque est bien réel. En matière de prévention et de lutte contre le coronavirus, les autorités doivent passer à la vitesse supérieure en se montrant davantage intransigeantes devant chaque incartade», dit-il. La même situation de désordre et de relâchement de la vigilance est constatée dans les tramways. Si les agents veillent à ce qu'une place sur deux soit occupée, il n'en demeure pas moins que les usagers qui ne sont pas assis se bousculent dans les couloirs. «Il ne sert à rien de laisser des places vides afin d'instaurer une distance entres les passagers, alors que ces mêmes passagers se bousculent dans les espaces qui ne sont pas dotés de sièges, c'est une situation inadmissible. Même les agents de Setram ne font rien, car ils sont dépassés», confie un usager, qui lance un appel aux autorités compétentes. «Les pouvoirs publics doivent réagir en verbalisant les citoyens les plus indisciplinés, sinon il faut s'attendre à une augmentation fulgurante du nombre de contaminations», lance-t-il.