Que pensez-vous du métier de boulanger de nos jours ? C'est un métier menacé de disparition. La corporation vit une véritable crise, comme on n'en a jamais connu depuis l'Indépendance. De nombreux boulangers ont mis la clé sous le paillasson, alors que d'autres ont été contraints de changer d'activité. Avec l'augmentation des charges et de la fiscalité, on ne s'en sort plus. Ce commerce n'est plus rentable. A ce rythme, les boulangers deviendront une « espèce rare ». Avec la forte demande qui s'exprime, nous risquerons, un jour, d'importer le pain. Comment faire pour revaloriser cette activité ? Il faut inciter les jeunes à apprendre le métier, mais cela est devenu trop difficile pour nous, les anciens. Personnellement, j'éprouve même des difficultés à convaincre mes enfants, car le métier est trop dur. Il faut vraiment l'aimer pour l'exercer. Le fait que l'activité soit mal rémunérée ne motive guère les jeunes qui préfèrent investir d'autres créneaux plus juteux. Nous avons tenté de lancer, il y a quelques années, une formation dans le cadre d'un partenariat entre la Chambre de commerce de Constantine et son homologue de Paris pour l'ouverture d'une école de formation pour les jeunes, mais le projet n'a jamais abouti, faute de siège. De son côté, l'Etat doit faire un effort pour soutenir les vrais boulangers en allégeant les charges fiscales, le coût de l'énergie et les frais des matières premières, notamment la farine, l'huile et la levure. Croyez-vous que le prix de la baguette de pain doit augmenter ? Du temps de Noureddine Boukrouh, ex-ministre du Commerce, nous avons proposé, par le biais de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), une augmentation graduelle du prix de la baguette de pain. En trois étapes, son prix devait passer de 7,5 à 9 DA, puis à 11 DA, et enfin à 12 DA. Finalement, cette proposition est restée dans les tiroirs du ministère jusqu'à nos jours, alors que le prix du pain a augmenté dans plusieurs pays, surtout chez nos voisins du Maghreb, après l'augmentation des prix des matières premières au niveau des Bourses mondiales.