«Pour nous, le congrès de la Fédération nationale des boulangers qu'organise aujourd'hui, à l'hôtel Essafir, l'aile de M. Souilah, est un non-événement. Nous n'y avons pas été associés, ni de près ni de loin. Nous sommes persuadés que ceux qui garniront la salle de conférences, aujourd'hui, seront des artisans autres que ceux qui sont censés être présents, en l'occurrence les boulangers. Nous estimons que c'est là une manœuvre visant à porter atteinte à l'image de marque des boulangers.» C'est en substance ce que déclarera M. Hentour Maamar, SG par intérim de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), également président de la commission nationale des boulangers, lors du point de presse tenu, hier, au siège de l'UGCAA. D'emblée, il y a lieu de noter que la quasi-totalité des confrères présents à la conférence de presse en question s'attendaient à ce que cette dernière, de surcroît tenue à la veille du congrès, en annonçât (comme cela est d'ailleurs de coutume) les grands thèmes qui y seront débattus. Il n'en fut rien. Pour d'aucuns, la guerre de leadership fait rage au sein de l'UGCAA. En organisant cette conférence de presse, les antagonistes de M. Souilah entendaient marquer leur présence et expliquer à l'opinion publique que ce sont bel et bien eux les véritables représentants des boulangers. Lors de la rencontre d'hier, les différents intervenants ont été unanimes à dire que les boulangers exerçaient dans des conditions extrêmement difficiles. «Auparavant, il y avait 1 500 boulangeries au niveau de la capitale. Face aux difficultés de tous genres [augmentation des prix de l'électricité, du gaz, des impôts, faiblesse de la marge bénéficiaire…], 300 d'entre elles ont dû baisser rideau. De même, sur les 850 boulangers qui exerçaient à Oran, 400 ont mis la clé sous le paillasson», précisera un membre du secrétariat général de l'UGCAA. L'orateur mettra en exergue le fait que la prolifération des boulangers informels a nui à l'image du véritable boulanger. «Beaucoup de boulangers exercent au noir», soulignera-t-il. Par ailleurs, l'intervenant dénoncera le fait que le pain se vende n'importe où, sans le respect des règles les plus élémentaires en matière d'hygiène. «De plus, ceux qui vendent le pain dans les rues ou au niveau des épiceries ne sont pas inquiétés, au moment où, paradoxalement, le boulanger légal voit toujours l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête», ajoutera-t-il. Intervenant, M. Hentour, président de la commission nationale des boulangers, focalisera ses propos sur la nécessité d'augmenter la marge de bénéfice du boulanger. «Nous ne demandons pas l'augmentation du prix du pain. Nous savons pertinemment que l'écrasante majorité des citoyens vit des conditions sociales difficiles. Nous espérons que, à l'image de ce qui est fait pour le blé, l'Etat subventionnera les matières premières entrant dans la confection du pain», relèvera-t-il. Dans la foulée, l'intervenant appellera les pouvoirs publics à réviser la loi de 1996 relative à l'exercice de la profession de boulanger. «Les données d'alors ne sont plus en vigueur de nos jours. Le boulanger est contraint même au paiement d'une taxe annuelle de 9 000 dinars car on estime que, de par son activité, il porte atteinte à l'environnement !» s'étonnera M. Hentour. Au sujet des perspectives d'avenir, l'intervenant indiquera que des journées de sensibilisation seront organisées sous peu en vue d'inciter la population à consommer du pain nutritionnel, lequel contient peu de matières grasses et beaucoup de son. Des économistes et des diététiciens prendront part à ces manifestations. A signaler que l'Algérie prendra part au deuxième mondial du pain qu'abritera Lyon les 24 et 25 janvier prochain. Lors du précédent mondial (2007), notre pays avait occupé la 3ème place dans la catégorie du pain nutritionnel. B. L.