42 soirées artistiques ont été données d'affilée à Témouchent depuis le début de l'été ! De mémoire de Témouchentois, c'est du jamais vu ! Cette performance qui a été réussie par le Festival culturel des arts populaires, est le résultat d'une expérience accumulée en matière d'échanges culturels interwilayas. Abdelali Koudid, le commissaire de ce festival et directeur de la maison de la culture de Témouchent, s'explique sur une démarche qui mérite qu'on s'y arrête. Vous avez reçu six caravanes culturelles d'affilée de différentes wilayas et organisé 42 soirées. Témouchent est la seule wilaya du pays à avoir initié cette démarche, pourquoi ? Nous avons estimé avantageux d'inscrire notre action dans une sorte de continuité culturelle, ou si vous voulez festive, plutôt dans l'action sporadique. Pour cela, nous avons ciblé la saison estivale parce qu'on peut toucher à ce moment un très large public. En effet, d'une part, en cette période, celui-ci est plus enclin à sortir en soirée, et d'autre part, nous n'avons pas besoin d'un espace conventionnel pour le réunir. Il suffit d'un kiosque à musique ou d'une place. Par ailleurs, nous n'avons pas orienté notre action en direction des estivants car il n'est pas de notre rôle d'animer les plages d'autant que, lorsque nous l'avions fait auparavant, les municipalités s'étaient peu, voire pas du tout, impliquées dans la réussite de ces manifestations. Aussi, cette fois, nous avons privilégié les agglomérations de l'intérieur de la wilaya et leurs populations sevrées d'animation culturelle. Ce faisant, les échanges interwilayas prennent tout leur sens puisqu'ils profitent à ceux auxquels ils sont formellement destinés. Enfin, nous nous sommes déplacés là où les municipalités s'impliquent un tant soit peu dans notre action, cela bien que nous nous déplacions avec armes et bagages, c'est-à-dire même avec les chaises, 250 à 300, pour le confort du public. Il reste que le niveau des plateaux artistiques, expositions et autres, variait entre le bon et le moins bon, certains commissariats donnant l'impression d'avoir sacrifié à une corvée Certains commissariats n'ont pas retenu dans leur caravane ce qui fait véritablement le potentiel culturel et artistique de leur wilaya et surtout ce qui fait la richesse et la singularité de leur région. N'est-il pas surprenant qu'une wilaya du sud du pays se présente avec du raï dans ses bagages ? Certains plateaux n'étaient pas seulement pauvres, ils souffraient surtout, comme la plupart, d'un sens du spectacle. De ce point de vue, il y a un flagrant manque de professionnalisme car une soirée doit être un spectacle, au besoin scénarisé pour passer la rampe. Il est impératif de se défaire du plaquage de prestations, sans mise en perspective des arts populaires qu'on veut promouvoir. Le public d'aujourd'hui est moins dans l'écoute. Il est dans le rythme et surtout le visuel. Tant qu'on ignorera ces deux critères, l'effort est vain. Comment présenter une danse populaire sur scène alors qu'elle n'a pas été conçue pour cela, une danse n'étant pas chorégraphie qui, elle, est un spectacle ? C'est dire si une réflexion s'impose à tout un chacun, des colloques pourquoi pas, à propos de l'art et la manière de promouvoir et de sauvegarder les arts populaires Et après les 42 soirées ? C'est la maison de la culture qui prend le relais, elle qui, avec ses moyens humains et matériels, a permis la finalisation du programme d'échanges interwilayas. Ainsi, les activités culturelles se poursuivront avec le programme que nous avons élaboré pour le Ramadhan. Nous aurons ainsi 20 spectacles en 20 jours avec dix soirées musicales, sept représentations théâtrales et trois rencontres littéraires.