L'OMS a dit que la Tunisie est l'un des quelques pays au monde à ne connaître que des cas sporadiques, appelés couramment en Tunisie des cas «importés», rapportés notamment des ressortissants tunisiens travaillant au Golfe. Un seul cas local a été enregistré depuis le 20 mai dernier. La source de contamination est connue. La mesure d'ouverture des frontières a objectivement suivi cette réussite malgré la prudence, parfois excessive, du comité scientifique. Les voyages de et vers l'étranger sont toutefois traités au cas par cas, selon la maîtrise de la pandémie. Une attention particulière a été annoncée pour l'ouverture des frontières terrestres, et ce, à un double titre. D'une part, Algériens et Libyens constituent les deux premières nationalités venant en Tunisie, notamment après la révolution du 14 janvier 2011. Les Algériens arrivent largement en tête avec près de trois millions de touristes en 2019, talonnés par les Libyens avec 1,6 million d'entrées. Les Algériens ont régulièrement sauvé la saison touristique pendant les années de vaches maigres, notamment en 2015, année de la montée des attaques terroristes en Tunisie. 1,6 million d'Algériens ont défié le terrorisme et sont venus passer leurs vacances en Tunisie, offrant une bouffée d'oxygène à un secteur agonisant. Et ils ont continué sur leur lancée depuis. L'autre facteur nécessitant une attention particulière des autorités tunisiennes, c'est de maîtriser le contrôle de la propagation du virus, avec un flux massif pouvant dépasser les 10 000 passages par jour, du côté de la Libye et de l'Algérie. Les Tunisiens essaient donc d'être efficaces dans la relance de leur économie nationale, en accueillant Algériens et Libyens, tout en étant prudents dans la maîtrise de la lutte contre la propagation de la Covid-19. Cette équation risque d'être impossible à résoudre. En effet, et à titre d'exemple, les autorités tunisiennes ne peuvent demander de tests PCR sur les frontières terrestres, trop chers et impossibles à réaliser pour les voisins se déplaçant en familles nombreuses. Le coût des tests risque de dépasser celui du séjour en Tunisie. Néanmoins, la situation sanitaire en Algérie pousse les Tunisiens à la prudence, surtout que les autorités du pays voisin n'ont pas daigné rouvrir leurs frontières, même si l'Union européenne a déclaré accepter les Algériens sur le territoire Schengen. Des moyennes oscillant entre 200 et 300 contaminations ont été enregistrées en Algérie durant les derniers jours. La prudence est donc de mise. Bouffée d'Oxygène Hormis ces deux cas spéciaux des frontières terrestres, les pays étrangers ont été classés en trois catégories, verte, orange et rouge. Les pays de la zone «verte» sont ceux ayant maîtrisé la pandémie. Aucune condition n'est exigée des résidents de ces pays, qui viennent en Tunisie. L'Italie et l'Allemagne figurent sur cette liste. Les résidents provenant des pays de la zone «orange» sont, par contre, appelés à présenter un test PCR négatif, datant de 72 heures, et remplir un engagement stipulant d'observer un confinement volontaire de 14 jours chez eux. Des pays comme la France ou le Maroc figurent dans cette catégorie. Pour les voyageurs en provenance des pays de la zone «rouge», il s'agit de se munir d'un test PCR négatif et d'une réservation dans un hôtel de confinement, pendant une semaine, à la charge du passager. Un 2e test PCR est prévu à la fin de ce confinement. S'il s'avère négatif, le touriste pourra passer la 2e semaine de confinement chez lui. La Tunisie se démène certes pour faire sortir son économie de la crise. Mais, ce n'est pas évident puisque ses partenaires européens vivent, eux-aussi, en pleine crise. La récession est généralisée. La demande est donc faible et il y a moins d'appel aux productions tunisiennes. La crise ne touche pas uniquement le secteur touristique. Même les industries exportatrices peinent à reprendre leur part habituelle du marché européen, surtout que le vieux continent essaie de sauver, d'abord, les pays de l'Union européenne, comme le Portugal ou la Grèce. Le salut devrait donc venir de l'Algérie et de la Libye. L'équation semble difficile à résoudre. Tunis De notre correspondant Mourad Sellami