Chlef, «une ville du nord avec un climat du Sud» renoue avec ses températures estivales mais néanmoins caniculaires, qui obligent nombre d'habitants à rester cloîtrés chez eux pendant la journée. Conjugué au confinement sanitaire pour cause de coronavirus, cela impose forcément une surutilisation des climatisateurs et son corollaire, des redevances de consommation plus élevées. Ce qui évidemment n'est pas à la portée des bas revenus et des classes moyennes qui interpellent ainsi directement les pouvoirs publics pour examiner leur situation et trouver un moyen de les soulager de ce lourd fardeau dans ce contexte sanitaire et socioéconomique particulièrement difficile. «On sait que le climat de Chlef est identique à celui des régions du sud du pays qui elles bénéficient au moins d'une fraîcheur le soir, mais ici nous sommes au cœur de la fournaise du grand Cheliff, à cause de la chaleur étouffante qui y sévit durant les mois d'été. On peut facilement imaginer ainsi les souffrances qu'endurent les occupants des 18 000 habitations en préfabriqué construites après le séisme d'octobre 1980», déplorent des Chélifiens Et pour cause, les appareils de climatisation, selon eux, ne s'arrêtent presque jamais puisque la température dépasse souvent les 45 degrés à l'ombre, comme c'est le cas actuellement. Ce n'est point un phénomène conjoncturel mais bien une spécificité naturelle installée durablement dans le temps et l'espace de la vallée du Cheliff. D'ailleurs, les anciennes archives sur la région que nous avons pu consulter insistent toutes sur le climat extrêmement chaud de la ville en été depuis la fondation d'Orléansville en 1843. «Le climat de Chlef est des plus chauds de l'Algérie en été où il atteint des maximes de 52° C à l'ombre», lit-on. Mais la situation s'est plutôt aggravée ces trois dernières décennies avec les changements climatiques, la forte pollution atmosphérique, l'assèchement de l'oued Cheliff, la déforestation et la croissance urbaine désordonnée. Pour preuve, jusqu'en 1980, le climatiseur était quasiment inconnu du public à Chlef, dans la mesure où seules quelques administrations publiques, telles que la wilaya et la recette principale de la poste, en disposaient. Mais en parallèle, Chlef était entourée d'une végétation dense et verdoyante composée de vergers agrumicoles et de pins d'Alep ceinturant l'ancien tissu urbain d'avant-séisme 1980. Malheureusement depuis l'environnement naturel en a pris sérieux coup et la ville a été anarchiquement envahie par le béton sans espaces verts ni équipements de loisirs.