Les quelques citoyens restés fidèles aux programmes de l'ENTV pendant le Ramadhan se demandent se qui passe cette année. Les programmes qui traitent de l'humour sont pratiquement absents. « On attend que le Ramadhan pour voir la production de chez nous. Cette année, on est surpris par la programmation du feuilleton de Bruce Lee. A mon avis, c'est du remplissage », fait remarquer une mère de famille qui déplore la disparition des sketchs. En effet, les sketchs auxquels les téléspectateurs algériens avaient le droit durant le mois sacré sont étrangement exclus du programme de l'ENTV. Et pourtant « la réalisation d'un sketch ne coûte pas vraiment cher », estime notre interlocutrice qui se souvient des années où ce genre d'expression scénique était florissant. D'autres citoyens rencontrés hier dans différents quartiers d'Alger réclament la qualité et la diversité dans les programmes de l'Unique. Les avis de ces personnes sont partagés. Certaines d'entre elles regardent quand même la télévision algérienne pendant le Ramadhan, tout en reconnaissant que c'est le vide total. D'autres déclarent que cela fait des années qu'elles ne la suivent plus. « On regarde l'ENTV qu'au mois de Ramadhan. C'était bien auparavant et maintenant il n'y a rien. Pour la caméra cachée qui reste la seule production à laquelle les Algériens sont accoutumés, les citoyens se plaignent de la qualité du produit. » « Il y a de longs préludes après c'est vide. Le contenant est plus long que le contenu », fait remarquer cette mère de famille qui s'interroge sur les raisons de cette décadence. « Tous les comédiens qui animaient l'écran autrefois ont fui l'ENTV. Je pense que le capitalisme revient au galop », conclut-elle. « A part la caméra cachée programmée juste après l'iftar, je préfère sortir que de regarder la télévision », a assuré un quinquagénaire, commerçant de son état. « Le programme de l'année passée était plus intéressant. Où sont passés les sitcoms et les séries qui faisaient rire les Algériens, à savoir Djemaï Family et Imaret El Hadj Lakhdar ? », se demande ce commerçant. Et de poursuivre : « En ce qui concerne les sketchs et les séries traitant de l'humour, je crois qu'il y a un vide flagrant. Les responsables de l'ENTV ne savent pas quoi faire. Enfin, ils n'ont pas trouvé quoi faire. On assiste à une crise de conception. On utilise mal l'argent. Et cette remarque est valable pour tous les domaines », généralise-t-il. La plupart des citoyens questionnés à propos du programme de l'ENTV en ce mois de Ramadhan reconnaissent unanimement que durant l'année, le programme est vide. Ils n'attendent que le mois de Ramadhan pour se divertir. Mais l'absence d'une vision répondant à leurs aspirations les a déçus. Ils se sont rabattus sur les chaînes étrangères, bien que ces dernières ne reflètent pas réellement les spécificités de la société algérienne. Par ailleurs, deux jeunes femmes, rencontrées à la rue Aïssat Idir trouvent que le feuilleton El Dhikra El Akhira, réalisé par Messaoud El Aïeb, intéressant. « D'habitude, je ne regarde pas le programme de l'ENTV, mais je suis ce film qui traite de problèmes sociaux. Le réalisateur a bien réussi sa mission. La série reflète vraiment la réalité de la majorité des familles algériennes. Je trouve aussi que Malika Belbaï a bien joué son rôle. Il y a de la relève quand même », estime cette jeune femme qui, au départ, s'est montrée pessimiste quant à la qualité du produit de la télévision algérienne. Le film historique traitant de la vie du martyr Mustapha Ben Boulaïd a également son écho. « Je ne sais pas si ce feuilleton a été réalisé avec du matériel purement algérien », questionne un citoyen avant qu'un autre ne l'interrompt pour l'informer que le film a été réalisé par un producteur étranger. Mais le feuilleton qui s'impose incontestablement en ce mois de Ramadhan demeure Dhakirat Al Jassad, réalisé par Najdat Anzour, producteur syrien. De l'avis d'une jeune universitaire, ce feuilleton est très attractif à la fois par la qualité de sa réalisation et sa genèse. « Je ne crois pas qu'on puisse réaliser actuellement un film historique à la hauteur de La Bataille d'Alger. La production cinématographique a beaucoup reculé en Algérie », conclut-elle.