Un programme national sera lancé aujourd'hui à travers le territoire. Le taux de mortalité maternelle en Algérie est de 96.8 pour 100.000 naissances vivantes. Quelque 600 femmes décèdent chaque année des suites de complications survenues au cours de la grossesse ou lors de l'accouchement. Pour chacun de ces décès, 30 à 100 femmes sont victimes d'affections aiguës, douloureuses, invalidantes et qui entraînent souvent des handicaps permanents. C'est là un constat amer fait, hier, par le ministre de la Santé, Amar Tou. Il avance aussi, lors de la rencontre de présentation du programme national de périnatalité, que le taux de mortinatalité est de 25 pour 1000 naissances totales, soit 15.000 décès par an. La mortalité néonatale représente, aujourd'hui, 80% de la mortalité infantile et la mortalité néonatale précoce représente 80% de la mortalité néonatale. Parmi les décès néonatals précoces, un nouveau-né sur deux décède avant la 24e h de vie. La prématurité représente 10 à 12% des naissances vivantes. Cette nouvelle situation conduit au fait que pour le couple, chaque naissance devient précieuse. L'exigence de qualité, de sécurité et de globalité de la prise en charge est sous, tendue par les normes et, en premier lieu la permanence des soins par un personnel qualifié. Présentant le programme qui sera lancé à partir d'aujourd'hui, le Pr Lebbane Djamil, chef du service maternité au CHU Mustapha-Pacha, a longuement insisté dans son exposé sur la formation en la matière. D'après sa communication, l'on relève que ce segment ne suit pas les programmes nationaux. Il aurait été souhaitable d'assurer l'examen de toutes les femmes enceintes par un obstétricien. Ceci n'est pas encore possible faute d'un nombre suffisant de spécialistes. Le rôle de la sage-femme se trouve ainsi élargi. Absence de formation en néonatalogie dans le cursus du médecin et insuffisance de formation du personnel paramédical, surtout sur le plan pratique, amènent aujourd'hui à une situation jugée «catastrophique». D'où l'urgence de revoir, selon le Pr. Lebbane, les modalités d'enseignement des futurs médecins, la formation des pédiatres, et améliorer la formation des sages-femmes et puéricultrices. Pour lui, la formation est primordiale pour tous les acteurs de santé. Le premier responsable du secteur reconnaît également l'existence de ces lacunes. «Nous avons un déficit non seulement en spécialités notamment de gynécologues ou de pédiatres mais aussi d'ophtalmologues, d'anesthésistes, de réanimateurs. Bref dans toutes les spécialités». C'est pourquoi son département compte mettre tout le paquet pour répondre efficacement aux besoins en la matière. Amar Tou annonce ainsi le lancement d'un programme de formation au profit de 96 obstétriciens. De plus, le programme national de périnatalité présenté, hier, permettra de ressortir toutes les difficultés et contraintes rencontrées. Il faut savoir que le décret n°05-438 publié au Journal Officiel du 20 novembre 2005 s'inscrit avec ce programme national dans un plan d'ensemble qui vise à améliorer la sécurité de la mère et de l'enfant lors de l'accouchement et à assurer des soins de qualité au nouveau-né. La plus grande vigilance doit s'exercer, selon le conférencier, dans le rapport coût/performance. Le montant global de ce programme triennal (avril 2006-avril 2009) est de 2,7 milliards de dinars. L'objectif principal est de diminuer les taux de mortalité maternelle et périnatale. «Nous visons une baisse de 30% sur ces trois ans». Le décret a un rôle de «restructuration» et de «réaménagement» des pratiques. Le décret structure aussi la prise en charge des naissances difficiles. La mise en oeuvre de ce décret va permettre, à coup sûr, de normaliser une activité très sensible avec le concours des professionnels multidisciplinaires et de responsables de la santé et de l'administration des collectivités locales. Ce programme nécessite une grande mobilisation non seulement des professionnels de santé mais également de la population dans ses principales composantes, considère le Pr Lebbane. Les activités du programme concernent trois périodes: prénatale, périnatale et postnatale. Il s'agit pour la première période de renforcer l'accessibilité et l'efficacité des consultations prénatales. Celle-ci cible trois pathologies, à savoir l'isoimmunisation rhésus, le diabète, l'hypertension artérielle qui concerne 10% des femmes enceintes et est responsable de 18,5% de la mortalité maternelle en Algérie.