En dépit de ses potentialités, la wilaya de Boumerdès peine à amorcer sa mue et se hisser au rang de pole économique pouvant contribuer à l'effort de développement national. L'investissement y reste otage des vieux reflexes où la bureaucratie et le favoritisme tiennent lieu de véritables barrières devant les créateurs de richesse, contraignant les plus téméraires à abandonner leurs projets et s'établir dans d'autres contrées plus clémentes. L'état dans lequel se trouvent les 32 zones d'activité et de dépôt de la wilaya donne une idée assez claire sur la situation de l'investissement dans la wilaya. La plupart de ces zones dont la date de création remonte à la fin des années 1980 ne sont que de vastes terrains inoccupés où la spéculation foncière a pris le dessus sur les activités industrielles. Selon un document de la direction de l'industrie et des mines, sur 618 projets prévus dans ces zones, seuls 195 sont en activité, 50 sont en cours de réalisation, 53 à l'arrêt, 230 ne sont pas encore lancés tandis que 90 autres projets sont achevés mais restent à ce jour non opérationnels. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes. Des dizaines de lots de terrain ont été vendues par leurs bénéficiaires à des tiers. Le foncier destiné à la relance économique a finalement fait le bonheur des spéculateurs fonciers et des faux investisseurs. L'Etat va-t-il sévir contre ces derniers ? Ira-t-il jusqu'à récupérer les terrains inexploités ou détournés de leur vocation ? La tâche est difficile mais pas impossible, répond le directeur de l'Industrie est des mines. Nadjid Achouri parle d'une vaste opération d'assainissement, précisant que la plupart des promoteurs défaillants disposent d'actes de propriété. «On les a tous mis en demeure. A présent, on a réussi à récupérer une trentaine de lots», a-t-il indiqué. Selon lui, l'opération d'assainissment va reprendre incessamment avec la révision des textes législatifs aujourd'hui peu adaptés à la réalité afin d'éviter le recours systématique à la justice qui, parfois, met beaucoup de retard pour statuer dans les litiges. Dans la zone industrielle de Larbatache, seul 16 sur 169 projets prévus sont en phase de réalisation. Sauf qu'ici, les autorités se sont montrées intraitables avec les mauvais investisseurs. Pas moins de 18 promoteurs se sont déjà vu annuler leur décision de concession à cause des lenteurs enregistrées pour le payement des redevances de location des terrains et le dépôt des dossiers de permis de construire.
PME/PMI : 87% embauchent peu En dépit de sa vocation agricole, la wilaya n'a vu créer aucune entreprise d'envergure ces dernières années. Point d'unités de transformation ou de conditionnement de produits viticoles ou agrumicoles. La région est connue pourtant pour être pionnière dans la production de raisin de table et à un degré moindre les agrumes. La région compte 9906 PME/PMI (11 publiques) employant 61782 personnes, mais 8663 d'entre elles (87%) tournent avec un effectif de moins de 10 éléments. La direction de l'industrie fait état de 212 entreprises uniquement qui font travailler plus de 50 employés. Ce qui donne une idée sur le tissu économique local, peu performant et moins consistant. L'année passée, les dividendes de la TAP étaient de l'ordre de 1,35 milliards de dinars. Un montant très maigre qui résulte du manque d'investissements générateurs de richesse. L'absence de stratégie de développement fait que plus de 80% des activités industrielles dans la wilaya sont concentrées dans la partie ouest, à Hammadi, Ouled Moussa et Khemis El Khechna. Les dispositifs de micro-crédits ont permis la création de 1477 entreprises dont 1380 Cnac, 60 Ansej et 37 Angem. Ces dernières ont embauché 4071 personnes.