Les nouvelles prévisions de l'OPEP sur le marché pétrolier ne sont pas rassurantes pour le pays. La révision à la baisse de la demande de l'or noir pour cette année et en 2021, en raison de la pandémie, risque de contrarier les plans de pas mal de nations dont les économies restent largement dépendantes de leurs recettes d'exportation des hydrocarbures. Dans certains pays asiatiques, la reprise peine à être au rendez-vous. Et pour cause, la demande pétrolière dans des pays, comme l'Inde, l'Indonesie, la Thaïlande et les Philippines, est en deçà des attentes. Les données plaident ainsi pour un pétrole bon marché pour la fin 2020 et le début 2021, selon les prévisions de cette Organisation, qui a dû réduire sa production pour arriver à maintenir les prix à des seuils acceptables pour tous, producteurs et consommateurs. A moins d'un miracle. Car malgré les derniers efforts de l'opep, les risques d'un retour à un pétrole bradé n'est malheureusement pas à exclure si la relance économique patine encore plus longtemps, notamment avec le maintien de la fermeture des frontières aériennes et la persistance de la crise sanitaire et économique du fait de la Covid-19. Et dans tout cet embrouillamini, l'Algérie se retrouve face à une équation difficile tant que les paramètres restent inchangés. Avec déjà une moyenne annuelle des prix de vente d'un baril à 40 dollars, le Budget de l'Etat pour cette année est très loin d'être équilibré. Les maigres recettes en devises pour 2020 ne sont pas susceptibles de permettre le financement total de nos importations, à l'heure où les réserves de change (en dessous de 60 milliards de dollars cet été) s'effilochent remarquablement d'année en année. C'est dire à quel point la question des cours du pétrole restent centrale en matière de finances publiques alors que le gouvernement actuel ne semble pas montrer, au-delà des promesses, du moins jusqu'à présent, l'alternative à suivre. Car, en l'absence d'une politique claire qui aura pour ambition de supplanter progressivement le secteur des hydrocarbures sur une période donnée, il est loisible de souligner que, pour l'heure, les seuls choix annoncés sont ceux relatifs au refus de recourir à l'endettement extérieur et à la planche à billets tel qu'initié par le gouvernement Ouyahia. Durant cette année, et pour pouvoir élaborer un budget qui tienne plus ou moins la route, l'Exécutif de Tebboune a dû triturer quelques chiffres en amputant dans celui du fonctionnement notamment, tout en se montrant très sobre sur le registre de l'investissement. En somme, toute la stratégie de la nouvelle équipe dirigeante a consisté à chercher à contenir un tant soi peu la débâcle face à une réalité du pays que reflétaient largement les perspectives économiques mondiales. La pandémie de la Covid-19 a tout emporté sur son passage et permis d'aggraver la crise économique là où elle était naissante et fait douter même les plus riches de la planète. Bien que la situation ne soit pas présentement aussi ahurissante que l'on est amené à le redouter, il est évident que la marge de manœuvre du gouvernement est de ce fait plus étroite encore qu'elle ne l'a été jusque-là. C'est pourquoi, lorgner le marché pétrolier reste d'autant plus important que l'économie du pays en dépend grandement. A défaut, il est urgent de songer d'ores et déjà à de nouvelles sources de financement, de nouvelles niches de croissance. La nouvelle économie, à titre d'exemple, ne s'accommode nullement des coupures intempestives d'internet. Des pertes sèches seront enregistrées et l'élément «confiance», d'après les experts, sera bien entamé.