Le creusement du double tunnel qui ponctue, à Sidi Aich, la pénétrante autoroutière Béjaïa-Ahnif est arrivé à son terme pour l'un des deux tubes long de 1660 mètres, a annoncé la cellule de communication de la wilaya. Bien que cette annonce soit faite jeudi, la jonction en question a été réalisée le 28 juin dernier comme déjà affirmé par une source de la CRCC, l'entreprise chinoise en charge du chantier. En tout cas, elle vient sanctionner des travaux qui ont duré presque six longues années, depuis le coup d'envoi donné en présence du ministre des travaux publics d'alors, Abdelkader Kadi, en septembre 2014. La jonction est arrivée après un retard imposé notamment par la qualité du sol fragilisé par des eaux souterraines et une roche friable, dont une composante de schiste, sur une bonne longueur, ce qui a empêché la CRCC d'aller plus vite dans le travail. Pendant de longs mois, celle-ci a évolué selon une méthode, que les experts appellent CRD, qui ne lui permettait d'avancer que de 62 centimètres piochés par jour. Il a fallu dépasser la zone délicate pour engager sept foreuses, en novembre dernier, et accélérer enfin la cadence en creusant jusqu'à 15 mètres/jour. Cette nouvelle phase dans le creusage a d'ailleurs autorisé les autorités à arrêter le 30 juin dernier comme date butoir pour la réception de ce premier tunnel. Au début juin, il ne restait que 30 mètres linéaires à creuser mais il a fallu finalement un mois pour venir à leur bout. La pandémie de la Covid-19 et les freins qu'elle a provoqués dans le rythme des travaux, comme dans tous les chantiers du pays, a servi pour justifier le retard prolongé. Ce retard concerne, bien entendu, aussi le second tunnel, de même longueur. Son creusement n'est, par contre, pas encore terminé puisqu'il reste à parcourir 130 mètres. Et il faudra encore au moins deux mois pour voir son bout, selon l'entreprise, ce qui signifie que le rythme de creusage sera très loin de la quinzaine de mètres que permettent les foreuses. En tenant compte de la contrainte du sol fragile, il est attendu cependant de la CRCC de renforcer le chantier de ce deuxième tunnel par les moyens matériels et humains libérés par le premier tube. Celui-ci est prêt pour recevoir ses couches de bitume et autres aménagements ainsi que ses équipements d'éclairage et d'aération. Une partie de ces équipements, dont des ventilateurs, est déjà disponible sur le site, tandis que commande a été passée pour l'autre partie avec, affirment les responsables de la CRCC, une option pour la production nationale algérienne dont la câblerie. Dans l'attente des financements 48 kilomètres restent à livrer du projet de la pénétrante autoroutière qui est ainsi saucissonné après une livraison, en 2017, en deux tronçons distincts, jusqu'à Akbou puis un prolongement jusqu'à Akhnak. La réception de la partie restante sera aussi fragmentée, mais la continuité du trajet ne saura se faire sans la finalisation des deux tunnels de Sidi Aich, qui sont un passage obligé. La partie réceptionnée et fonctionnelle de ce bout d'autoroute s'arrête à une dizaine de kilomètres plus loin, soit à la sortie sud de la commune de Sidi Aich, à Akhnak, le PK48, qui relève de la commune de Seddouk. D'Akhnak à Amizour (PK22), soit 26 km, le chantier a atteint, selon l'entreprise réalisatrice, les 80%. Neuf ouvrages d'art, sur les 21 prévus, ne sont pas encore terminés sur ce tronçon où la procédure d'expropriation est achevée selon les autorités. Ce qui est accompli sur ce tronçon, ce sont les dix kilomètres entre Amizour et El Kseur (PK32), bitumés et aménagés, et que l'on avait même promis de livrer pour mars dernier. Ils ne l'ont pas été parce que les deux bretelles qui y mènent ne sont toujours pas réalisées. Sur les onze kilomètres entre Amizour et Oued-Ghir (PK11), une moitié attend sa dernière couche de bitume, et l'autre n'est même pas entamée, bien que son étude soit finalisée. De Oued-Ghir vers le port de Béjaïa (PK0), il s'est posé un problème d'ordre géotechnique. Toute cette zone, qui accuse un tassement important du sol, est inondable. La nouvelle variante adoptée par les autorités pour contourner ces contraintes physiques est sur la table du ministre de tutelle pour financement. Cette variante «optimale et sécuritaire» a induit un impact financier important du fait du viaduc à élever le long de six kilomètres, au lieu du remblai et des petits ouvrages, à la stabilité incertaine, prévus par une première étude. Il faut dire que la seconde étude effectuée par les Chinois est, en cela, salutaire, puisqu'elle a évité de réaliser un ouvrage exposé à la merci des crues de l'oued Soummam. L'entame de cette partie sensible du projet de la pénétrante autoroutière dépend des budgets que le gouvernement consentira à accorder ou non en ces temps de vaches maigres qui piège un projet qui fait parler de lui depuis... quinze ans. On en parle depuis son annonce en 2005 puis sa mise en chantier en 2013 avec un budget de 60 milliards de dinars avant que les réajustements ne doublent le montant pour donner 126 milliards de dinars. Sans les dernières inflations, les rallonges et les remises en cause continuelles des délais.