Le projet de la pénétrante autoroutière avance à des rythmes différents qui ne satisfont pas : si pour le tronçon Akhnak-Amizour il est moindre, par contre au niveau du tunnel de Sidi Aïch, il est tout à fait nul ; pour le dernier tronçon, on n'a pas encore décidé de le lancer. D'après la visite effectuée sur les lieux par le wali de la wilaya, mardi dernier, il n'est pas permis d'espérer réceptionner de sitôt ce tronçon de 26 kilomètres entre Akhnak et l'échangeur d'Amizour. Les travaux de ce tronçon sont à un taux d'avancement de 75%. Ils auraient pu mieux avancer que cela n'était le coup de frein donné notamment après la réception, au début d'octobre 2017, du tronçon Akbou-Akhnak. Le chantier a été mis en veilleuse, voire presque à l'arrêt. Les difficultés financières induites par les restrictions budgétaires nationales ont amené les Chinois de la CRCC à observer un ralentissement sensible dans la cadence du travail, avant de reprendre du service, depuis quelques mois, selon un rythme qui reste cependant insuffisant. La relative redynamisation du chantier est surtout visible au niveau du viaduc d'Akhnak, qui est un ouvrage d'art imposant par ses dimensions. Il s'élance sur 960 mètres de longueur et 40 mètres de hauteur. La majorité de ses appuis sont érigés et le grand pont prend forme. Mais selon les responsables du projet, à ce niveau le taux d'avancement des travaux n'est que de 61%. Les responsables du groupement algéro-chinois (SAPTA-CRCC) ont été instruits de trouver les solutions nécessaires, qui puissent donner le coup d'accélérateur souhaité. Ils se sont engagés à le faire en renforçant leurs moyens humains et matériels. Creusage manuel Il faut dire que malgré la reprise du chantier, le projet n'est toujours pas doté d'assez de moyens humains. Cela constitue une contrainte, à laquelle il faut ajouter le problème de l'approvisionnement insuffisant en agrégats, bien que la CRCC ait reçu une autorisation d'extraction de tout-venant de l'oued Soummam. Ces deux obstacles concourent à l'allongement du délai de réalisation, mais ne sont pas de la même importance que celle que constitue la contrainte existant au niveau du tunnel. L'ouvrage d'art d'Akhnak pourrait, d'ailleurs, être livré avant que ne soit terminé le creusement du tunnel en double tube de Sidi Aïch. De même pour l'autre ouvrage, de moindres dimensions, qui s'élève aussi et se fait de plus en plus visible à la sortie nord de la ville de Sidi Aïch, soit après le tunnel qui n'est pas près d'être fonctionnel. Long de 1691 mètres, celui-ci est creusé à 65% concernant le tube côté est, et à 63% pour le tube côté ouest. Le creusement avance actuellement au rythme de 80 centimètres en moyenne par jour. Ce qui n'augure pas de sa fin avant encore des mois. Il reste à creuser 600 mètres linéaires pour arriver à joindre les deux bouts. Les ouvriers de la CRCC continuent à opérer avec des moyens manuels pour cause de difficultés techniques dues à la nature du sol. Le terrain par lequel passe le tunnel est à 80% fragile. Pour illustrer la complexité de la tâche et la lente cadence qu'elle impose, notons qu'en 57 jours on n'a pu avancer que de 44 mètres, ce qui fait moins de 80 centimètres journellement. Par simple calcul, et si on reste sur ce même rythme, il faudra donc pas moins de 480 jours pour finir le creusement. Ce qui fait seize mois de travaux «à la pioche». Et puisqu'il n'y a de pénétrante autoroutière qu'avec ce tunnel, ce n'est pas aventureux de dire que ce tronçon ne pourrait être réceptionné avant mars 2020. Pourra-t-on passer à un autre rythme ? Il est indispensable de le faire. Le wali a avancé une date face aux responsables du chantier : avril 2019. Il leur a exigé de faire en sorte qu'à cette date soit livré au moins le tronçon de 15 km qui va jusqu'à Il-Maten. Mais, le tunnel risque de s'ériger en trouble-fête. Cafouillage de délais Aux responsables de l'entreprise chinoise il a été demandé de trouver de meilleures techniques de creusement du tunnel pour accélérer la cadence. Des techniques modernes doivent, sans aucun doute, exister. Au niveau de Lota (Timezrit), par contre, la Sapta vient tout juste de lancer son chantier après le déblocage de la situation du fait de l'opposition d'un citoyen exproprié. Le dernier tronçon, qui devrait compléter le puzzle de la pénétrante, est celui qui est programmé pour se prolonger jusqu'au port sur 11 kilomètres à partir d'Amizour. Son chantier n'est, à ce jour, pas encore lancé. Et il n'est pas programmé pour l'être dans de brefs délais. On attend encore que l'ANA (l'Agence nationale des autoroutes) et Sapta-CRCC fassent leurs propositions, d'où l'impossibilité de s'aventurer à avancer le moindre délai. En termes d'échéances, il faut dire que les autorités sont prudentes ces derniers temps lorsqu'il s'agit de s'engager sur une date de livraison, les précédentes ayant été très rarement respectées, et ce, avant même l'inauguration, au début mars 2017, du tout premier tronçon de 42 kilomètres Ahnif-Akbou. La preuve de la non-maîtrise des délais est l'annonce par l'ancien wali de la réception du troisième tronçon Akhnak-Amizour pour le premier semestre 2018, faisant mieux que le ministre Abdelghani Zaâlane, qui avait, lui, annoncé sa livraison au troisième trimestre 2018. Ni l'un ni l'autre n'a été réaliste. Le ministre avait même promis la livraison totale du projet en juin 2019, avant de prolonger ce délai pour septembre dernier, pour enfin s'engager pour avant la fin 2019. A ce cafouillage de délais s'ajoute un enchevêtrement de taux d'avancement des travaux. Il y a trois mois, le ministre avait avancé, à l'APN, les taux d'avancement de 75% pour tout le projet et de 78% pour le troisième tronçon. Ces taux s'avèrent être en avance par rapport à ceux d'aujourd'hui.