Le secteur des médicaments fait face à d'immenses défis en Algérie. Outre sa contribution à l'emploi, la production pharmaceutique locale, que ce soit dans ses branches de la médecine humaine ou vétérinaire, est susceptible de générer de la valeur ajoutée dans divers segments de l'économie. Le groupe Saidal, qui exporte ses produits vers plusieurs pays africains, est incontestablement le plus emblématique des entreprises nationales qui ont réussi. Cela dit, beaucoup de chemin reste à faire pour ce groupe et pour l'industrie pharmaceutique algérienne. Il y a nécessité de l'élaboration d'une stratégie politiquement globale, économiquement pertinente et humainement responsable. Voici en substance les principaux points que préconisent les experts algériens pour créer une vraie industrie pharmaceutique : la première urgence que nous a enseignée la Covid-19 est de rendre l'industrie pharmaceutique algérienne autonome en lui donnant les moyens technologiques nécessaires pour pouvoir fabriquer la matière première localement. Cela passe par la mise en place de conditions-cadres attrayantes pour les entreprises pharmaceutiques innovantes et un investissement massif dans la recherche et la création, mais aussi et surtout par une réelle mise à niveau de nos facultés de médecine et de nos universités, talon d'Achille de notre système de santé. En plus des prérogatives de réguler le marché, l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (ANPP) doit s'imposer en tant qu'autorité compétente dans le domaine des innovations. Le volet recherche et développement revêt une importance de tout premier plan. Pour rester compétitif, le pôle de recherche doit s'appuyer sur une protection moderne et efficace de la propriété intellectuelle. L'accès à la main-d'œuvre spécialisée et hautement qualifiée demeure lui aussi un facteur crucial pour le secteur pharmaceutique algérien. Il a besoin de recruter les meilleurs pour que l'Algérie puisse disposer de professionnels hautement qualifiés à tous les niveaux. La numérisation et le progrès technique ouvrent de nouvelles approches de recherche. Ces dernières génèrent à leur tour d'importants potentiels en termes d'avancées médicales et de bénéfices pour les patients. L'autre grand défi est la pharmacovigilance face aux apports thérapeutiques des nouveaux produits et à leurs effets secondaires. Le secteur est également marqué par un puissant lobbying de l'industrie pharmaceutique qui s'efforce à influencer les prescriptions des médecins, par ses bureaux du service marketing ou ses visiteurs médicaux. L'arrivée de nouveaux médicaments plus efficaces, d'outils de diagnostic et de technologies médicales permet de vivre plus longtemps et en meilleure santé. L'avancée de la numérisation va, quant à elle, modifier fondamentalement le mode de développement et d'utilisation des médicaments. La création d'un écosystème intégré de données médicales avec accès à l'international apparaît déterminante. Il est également essentiel d'améliorer les conditions-cadres pour la recherche clinique. Enfin, il faut dire que la stabilité politique et la sécurité juridique sont deux grands points essentiels. Les investissements dans la recherche et développement requièrent un très haut niveau de sécurité, tant en matière de planification que de stabilité juridique.