Qualifié de mandat des grands chantiers économiques et institutionnels, le deuxième mandat de Abdelaziz Bouteflika vient de boucler sa première année. Faire le bilan du premier exercice du mandat en cours, c'est surtout situer le degré et le niveau d'avancement des chantiers et des réformes promises. L'annonce solennelle, par le président, d'un plan de consolidation de la croissance économique doté d'un budget de 50 milliards de dollars, étalé sur cinq ans, aura été, sans doute, l'événement phare de l'année 2004. Il faut dire que l'importance du montant consacré à ce nouveau plan a surpris plus d'un, y compris à l'étranger. Une manière pour le président de démontrer sa détermination à mettre le prix qu'il faut pour réussir son deuxième mandat. Pour la mise en branle de son programme quinquennal, M. Bouteflika a préféré garder, contre toute attente, la même ossature de l'équipe gouvernementale, celle d'Ahmed Ouyahia. Ce dernier n'a pas tardé, pour sa part, à annoncer les grandes lignes de la conduite de l'Exécutif, à commencer par le lancement d'un programme de privatisation de pas moins de 1200 entreprises publiques économiques. Une privatisation qui, selon les derniers chiffres du chef du gouvernement, a touché une centaine d'entreprises, mais sans pour autant en connaître ni leur nom ni leur acquéreur. D'où le manque de transparence qui entache toute la démarche gouvernementale sur ce sujet bien précis. Au plan des réformes économiques, le rythme imprimé à quelques-unes d'entre elles reste toujours faible. En témoigne le retard accusé par la réforme bancaire. Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTPH), sous l'impulsion des différents projets immobiliers lancés par l'Etat, mais également de l'« ambitieuse » décision du président de construire un million de logements avant la fin de son deuxième mandat, continue d'enregistrer une croissance appréciable. Les chantiers de construction connaissent, toutefois, plusieurs difficultés, voire une cessation d'activité pour certains. Le ministre de l'Habitat a reconnu lui-même ces retards. Côté infrastructures et grands chantiers, la décision, il y a quelques jours, de revenir au financement par le Trésor public a été saluée par beaucoup. Elle constitue, néanmoins, un désaveu total au ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, partisan invétéré du financement par le marché. Un ministre qu'on présentait pourtant comme l'un des hommes du Président. Des dissensions de ce genre sont légion au sein de l'équipe gouvernementale. En témoignent les déclarations contradictoires de certains ministres sur les mêmes sujets. Aidée par une conjoncture pétrolière inédite, l'Algérie a pu, au cours de l'année passée, élever de manière appréciable le niveau de ses réserves de change, qui a atteint les 44 milliards de dollars d'après les tout derniers chiffres de la Banque d'Algérie. Cette situation s'est répercutée positivement sur la dette extérieure algérienne, qui a ainsi vu son niveau baisser grâce notamment au paiement par anticipation de la dette. Autre fait à signaler lors de l'année écoulée, l'adoption de la loi sur les hydrocarbures, jusque-là décriée par la société civile et la « puissante » UGTA. Le Président a ainsi su et pu aplanir toutes les oppositions et résistances. Le passage de cette loi devra accentuer davantage la libéralisation du secteur minier avec, comme conséquences, son lot d'augmentations du prix des produits énergétiques. Les dernières hausses du prix du gasoil, de l'électricité et du gaz en sont l'illustration. Ajouter à cela l'augmentation très sensible du prix de l'eau. L'autre événement à mettre à l'actif du Président durant l'année écoulée est l'adoption par les deux chambres parlementaires de l'accord d'association avec l'Union européenne, qui devra à terme déboucher sur une zone de libre-échange euroméditerranéenne. L'Algérie, faut-il le reconnaître, a connu l'année dernière un intérêt croissant des investisseurs étrangers venus très nombreux visiter le pays en quête d'opportunités d'investissement dans plusieurs secteurs d'activité. Ce qui laisse espérer une appréciation du niveau des investissements directs étrangers en Algérie pour les prochaines années, notamment dans les secteurs hors hydrocarbures.