La ville d'Oran a connu, depuis la fin des années 1980, une urbanisation incontrôlée ayant engendré des groupements urbains, notamment à la périphérie, sans aucun cadre viable ni de politique d'aménagement. Le cas le plus édifiant est incontestablement Haï Khemisti (Oran-Est), où les acquéreurs de logements, dans le cadre de la formule logement social participatif (LSP), ont été contraints de manifester leur mécontentement. En effet, Haï Khemisti est une concentration de 5000 logements, dont une grande majorité finalisée, mais non réceptionnée par ses acquéreurs en l'absence de viabilisation des lieux. Cette situation a poussé un groupe de promoteurs immobiliers et d'investisseurs - 19 au total - à créer la première société d'aménagement urbain, Amenal, en Algérie. Selon ses initiateurs, « la notion d'aménagement urbain et de cadre de vie viable, mission dévolue normalement aux Agences de régulation foncière locales, a toujours été occultée ». Il fallait, nous confiera M. Mustapha Rached, directeur général d'Amenal, combler le vide. Donc, un groupe de promoteurs, fort de l'expérience « ratée » de Haï Khemisti, a créé une SPA au capital social de 40 millions de dinars pour servir d'« interface entre les promoteurs immobiliers, les acquéreurs de logements et les autorités publiques ». Cela sous-entend la prise en charge de toute opération destinée à « viabiliser des sites appelés à recevoir les programmes de logements ou d'équipements publics ou privés conformément aux orientations des instruments d'urbanisme ». Pour ce faire, nous confiera M. Aribi Mahdjoub, un des initiateurs de cette expérience, « l'aménageur a pour mission de mettre en valeur la zone concédée en procédant à la réalisation des travaux de voirie et réseaux divers et d'assurer dans ce cadre l'implantation de tous les programmes publics ou privés projetés dans la zone d'intervention ». Aussi, l'on saura qu'un programme portant sur la réalisation de 8000 logements à Haï El Yasmine (POS n°52, environ 70 ha) est inscrit. Tous les travaux de terrassement et d'aménagement urbain, de voirie et les divers réseaux d'adduction (eau, gaz et électricité), espaces verts, aires de jeux, y compris la réalisation d'un boulevard de 90 m de largeur ont été confiés à Amenal, qui est chargée d'accompagner l'évolution et l'avancement des travaux jusqu'à réception définitive. Toujours selon nos interlocuteurs, « Amenal reste garante durant deux années après la réception définitive ». Cela dit, le coût de l'aménagement sera répercuté sur le prix global du logement à acquérir. L'on saura à ce propos que l'aménagement en question est estimé à 3377 DA le mètre carré, ce qui représente un surcoût de l'ordre de 5% du coût global du logement. « Cette opération pilote, première du genre en Algérie, se propose de livrer un cadre de vie viable, aménagé et pensé dans ses moindres détails », ajoutera le directeur général d'Amenal, qui conclura ainsi : « C'est une vision futuriste de la gestion urbaine que nous initions. »