A la veille de la célébration du Mawlid, les prix du poulet, en particulier, et de la viande blanche en général, s'envolent. Cela ne surprend plus personne, c'est devenu un rituel pratiqué automatiquement par les commerçants à chaque célébration religieuse. Les aviculteurs affirment que la demande est très forte sur la viande de poulet durant les fêtes musulmanes (Achoura, Mouloud et l'Aïd El Fitr). Le mois de Ramadhan également est caractérisé par une forte demande de la viande en général et la viande de poulet en particulier, les fêtes de fin d'année (Awel Moharrem, Yenayer, Nouvel An) se caractérisent aussi par des pics de la demande de la viande de poulet. Toutes les explications des vendeurs sont loin de convaincre les clients, notamment au revenu modeste, qui assistent impuissants à la hausse vertigineuse des prix. Hier, la majorité des bouchers vendait le poulet à 350 DA le kilo. C'est le constat que nous avons fait en visitant plusieurs marchés de la capitale. Mohamed Betraoui, président-directeur général de l'Office national des aliments du bétail et de l'élevage avicole, a tenté ces derniers jours par le biais de déclarations aux médias d'expliquer ce phénomène récurrent : «Les prix de la viande blanche, en particulier le poulet, étaient bas dans le passé en raison des surplus fournis par l'Etat qui avait importé de grandes quantités de volailles en 2019. Il faut ajouter l'augmentation des prix des aliments, qui ont triplé en l'espace de vingt jours.» La forte demande suscite l'appétit de plusieurs commerçants qui n'hésitent pas à céder sans la moindre résistance à la tentation d'augmenter les prix et par-là même les profits pour compenser leurs pertes antérieures, notamment en ces temps de Covid-19. Des études ont démontré que le secteur de l'élevage avicole souffre de plusieurs difficultés et insuffisances. La survie de cette filière dépend des approvisionnements de l'extérieur en intrants alimentaires et de produits vétérinaires, la volatilité des prix de poussins ainsi que des aliments, les coûts de production très élevés, le manque de professionnalisme de la part des intervenants dans cette filière. Certains pointent du doigt les établissements activant illicitement, échappant toujours au contrôle des autorités. Ainsi, les prix des produits avicoles (poulet et œufs de consommation) restent généralement hors de portée du consommateur algérien moyen. L'absence de prévisions a aussi déréglé le marché, notent les observateurs. L'Office national des aliments de bétail (ONAB) a procédé à la commercialisation progressive de près de 48 000 tonnes de poulet stockées au niveau national en vue de casser les prix (250 DA/kilo). Mais cette mesure n'a apparemment pas eu une grande incidence sur les prix, ni l'effet escompté. L'Etat devrait avoir une meilleure projection et planification afin de ne pas réagir par à-coups et laisser ainsi le terrain et une marge de manœuvre aux spéculateurs. Ces derniers profitent de cette aubaine, sachant que le poulet est un des ingrédients principaux des plats traditionnels préparés à cette occasion qui permet de se réunir en famille autour d'un bon repas. «Tous nos plats préparés pour le Mouloud Ennabaoui sont à base de poulet, on ne peut pas s'en passer, malgré sa cherté», souligne une vieille dame, le cœur lourd qui tente de garder le sourire et surtout de perpétuer la tradition des ancêtres. Advertisements