Deuxièmes grands pollueurs dans le monde, les Etats-Unis semblent élire un nouveau président plutôt «écolo». Il hérite de certains réflexes d'Obama, diamétralement opposés à Donald Trump, «qualifié de climatosceptique». Les défenseurs de l'environnement ont vite réagi à l'élection de Joe Biden. Un soulagement, disent-ils, en matière d'environnement et de lutte contre le réchauffement climatique. Débriefing sur les ambitions écologiques américaines, que Donald Trump n'y voulaient croire. RETOUR À L'ACCORD DE PARIS ? ■ Oui. Pour y retourner, c'est bien, mais d'abord faudrait faire une demande. C'est la décision la plus attendue. Même si cela reste symbolique, Joe Biden a d'ores et déjà fait part de son intention de réintégrer les Etats-Unis dans le trait de Paris sur le Climat. Il se trouve que Joe Biden connaît bien ce dossier puisqu'il y a participé en tant que vice-président de Barack Obama en 2015. En 2017, Donald Trump a affiché sa volonté de tourner le dos à ce texte, signé un an et demi auparavant par Barack Obama. Trump avait dénoncé cet accord qui «va à l'encontre des intérêts du peuple américain». Il voulait par contre renégocier, ou négocier un accord complètement nouveau. S'ils y arriveront, tant mieux, sinon tant pis. Et c'est en 2019, qu'il notifié officiellement à l'ONU leur sortie de cet accord. Le processus de retrait est clôturé. Techniquement, il prend effet, au lendemain de l'élection de Joe Biden, soit le 4 novembre. «Sans nous, regardez ce qui est en train de passer. Tout s'effondre», a déclaré Biden lors du premier débat présidentiel, le 29 septembre 2020. Annonce forte, il promet d'y retourner. Tout finalement peut basculer vers le vert. L'ACCORD DE PARIS, SI IMPORTANT ? ■ C'est le premier pacte engageant l'ensemble de la communauté internationale dans la lutte contre le changement climatique, qui constitue l'un des grands défis du XXIe siècle. Il a été signé en décembre 2015 à Paris par 195pays plus l'Union européenne, à l'issue de plusieurs années de négociations. Les pays sont allés au bout de leur processus de ratification. A ce jour, 197 pays ont signé l'Accord de Paris, 183 l'ont ratifié. Le seul grand pays qui ne l'a pas encore ratifié est la Turquie. Les Etats-Unis fait donc cavalier seul. L'accord fixe un objectif global de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en deçà 2°C par rapport à l'ère préindustrielle et si possible à 1,5°C, un seuil déjà synonyme de profonds changements, selon les climatologues. RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE, «ÇA FINIRA PAR SE REFROIDIR» ■ «Ça finira par se refroidir.» C'est une phrase prononcée par le président américain, Donald Trump, à la mi-septembre dernier. Il échangeait en effet avec Wade Crowfoot, un responsable local de l'agence de protection des ressources naturelles de Californie, où il était en visite, en proie à des incendies meurtriers d'une ampleur historique, aggravés par une sécheresse chronique. Des incendies qui ont fait depuis le début de l'été au moins35 morts. Donald Trump n'arrêtait pas de nier la réalité du changement climatique. Joe Biden le qualifie d'ailleurs de «pyromane du climat». Pour Donald Trump, la cause des incendies serait surtout liée à une supposée mauvaise « gestion forestière » dans ces Etats, contrôlés par ses « adversaires démocrates ». Aggravation d'une sécheresse chronique et des conditions météorologiques extrêmes, Trump n'y croit pas un mot. TRUMP, MOINS DE CONTRAINTES POUR LES INDUSTRIELS ■ Depuis 2016, Donald Trump a assoupli et parfois révoqué quasiment toutes les réglementations fédérales en matière d'écologie. Il y a eu un affaiblissement de toutes ces mesures qui, pour certaines, dataient pourtant des années 1970. Comme la loi fédérale introduite en 1970 visant à diminuer la pollution de l'air, qu'il a considérablement affaibli pour permettre aux industries de polluer plus. 2000 MILLIARDS DE DOLLARS POUR LA RELANCE VERTE ■ Donald Trump pensait tuer les énergies renouvelables. Il en n'a en réalité jamais cru. Mais le chiffre-clé, annoncé par Joe Biden, est ambitieux pour les écologistes. Il promet d'investir 2000 milliards sur quatre ans dans une relance verte. Un plan «extrêmement ambitieux» puisqu'il veut «une électricité 100% décarbonée» d'ici 2035, en encourageant l'installation de panneaux solaires et d'éoliennes, et en rebouchant les puits de pétrole et de gaz naturel abandonnés, qui rejettent chaque année des millions de tonnes de méthane. Il est aussi question, selon le discours électoral du nouveau Président, de financer la rénovation énergétique de six millions de bâtiments notamment dans les quartiers défavorisés. Engagement aussi pris pour l'interdiction de la fracturation hydraulique, utilisée pour extraire le gaz de schiste. PLUS DE CHARBON ■ A l'arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche, il a mis en place le Clean Power Act. Un plan qui poussera les producteurs d'électricité à réduire leurs émissions et à se tourner vers une énergie plus «propre». Autrement dit, se détourner du charbon. Mais Trump croit plutôt aux énergies fossiles. En 2016, il met fin à ce plan d'Obama pour le remplacer par la loi «Affordable Clean Energy Rule» — bien moins contraignante pour les producteurs. Les générateurs de charbon sont autorisés à déverser leurs rebuts dans les cours d'eau. 2018, il nomme aussi, un ex-lobbyiste du charbon, à la tête de l'Agence étasunienne de protection de l'environnement (EPA). Mais Biden promet : «Personne ne va construire une nouvelle centrale à charbon.» Il ne veut plus de centrale de charbon... LES OLEODUCS CONTESTES ■Keystone XL et Dakota Access. Deux projets de pipelines hautement critiqués aux Etats-Unis. Le premier, dont la construction lancée en plein pandémie de Covid-19 doit permettre le transport quotidien de 830.000 barils de pétrole extraits des sables bitumineux de l'Alberta au Canada jusqu'aux raffineries de l'Etat du Texas. Une traversée de 1.900 kilomètres. Le deuxième, devait permettre le transport de milliers de barils de pétrole de schiste du Dakota du Nord jusque dans l'Illinois. Joe Biden a promis N. Oulebsir / [email protected] Advertisements