Contrairement à son prédécesseur, le nouveau président des Etats-Unis, qui prend ses fonctions le 20 janvier 2021, se montre prêt à remettre son pays dans un environnement international pollué par la politique belliqueuse et imprévisible de Donald Trump. Joe Biden (77 ans), politique au long parcours au sein du parti démocrate, est devenu le 46e président des Etats-Unis, en battant son rival républicain Donald Trump, qui promet de solliciter l'arbitrage de la justice dès aujourd'hui, contestant les résultats de la présidentielle du 3 novembre. La Maison Blanche, il en a rêvé depuis longtemps, même s'il en connaît ses rouages, d'abord en tant que sénateur pendant 35 ans (1973-2009), puis en étant vice-président de Barack Obama durant huit ans. Raillé par Donald Trump (74 ans), qui s'en était pris à lui violemment durant toute la campagne électorale, il s'est montré patient et surtout déterminé à jouer jusqu'au bout la carte du rassembleur aussi bien des démocrates que de tous les Américains. Après quatre ans de règne de M. Trump, l'Amérique s'est retrouvée plus que divisées et déchirée. "Nous pouvons mettre fin à cette présidence qui, depuis le début, a cherché à nous diviser, à nous déchirer", a lancé, dans les dernières heures de sa campagne, l'ancien vice-président des Etats-Unis, qui a choisi comme vice-président une femme issue de la minorité noire-américaine, aux origines indiennes et africaines. "Nous pouvons mettre un terme à une présidence qui n'a pas su protéger le pays, qui a soufflé sur les flammes de la haine", n'a cessé de répéter Joe Biden, durant des semaines, avant le scrutin présidentiel qui a mobilisé le plus nombre d'électeurs de l'histoire du pays, avec plus de 160 votants, dont 74 millions ont opté par le candidat démocrate. Jusqu'aux derniers instants, le septuagénaire sera resté fidèle au message qu'il avait proclamé en annonçant sa candidature, en avril 2019 : "Nous sommes engagés dans une lutte pour l'âme" de l'Amérique, mais aussi pour un nouveau souffle dans les relations du "gendarme du monde" avec ses alliés et ses rivaux à travers le monde. Beaucoup de dégâts à réparer en matière de politique étrangères des Etats-Unis que le président sortant a provoqués au nom de son slogan de campagne de 2016 : "American first (Amérique d'abord)". Si en interne les principaux chantiers de Joe Biden et de son équipe seront dans un premier temps la lutte contre la pandémie du coronavirus et la relance de l'économie américaine, à l'international il y a autant de champs à déminer que de relations à revoir, même si beaucoup d'analystes et spécialistes des Etats-Unis affirment ne pas s'attendre à de grands changements concernant certains dossiers. Mais pour commencer, le futur locataire du bureau ovale promet de réintégrer l'Accord de Paris sur le climat. La protection de l'environnement a d'ailleurs été l'un des axes de sa campagne électorale et un sujet sur lequel il a été violemment attaqué par Donald Trump, espérant rallier à sa cause des centaines de milliers d'employés du secteur, en pleine crise que la pandémie a aggravée ces derniers mois. Sa bataille pour le climat, il devra la mener au sein du Sénat, où il doit toutefois disposer d'une majorité des voix, ce qui n'est pas gagné pour lui. Cela dit, il peut toujours compter sur l'appui d'autres entités (Etats, villes, entreprises, etc.), pour concrétiser sa promesse de réduction des émissions de CO2 et honorer les engagements pris par l'accord de Paris 26 à 28% de réductions des émissions d'ici à 2025 par rapport à 2005. En réintégrant l'Accord de Paris, Joe Biden ouvrira une porte de réconciliation avec les alliés européens des Etats-Unis et dont la relation avait été mise à rude épreuve par une politique à la fois belliqueuse et imprévisible de son prédécesseur républicain. "L'UE est prête à s'engager pour un partenariat transatlantique solide. Covid-19, multilatéralisme, climat et commerce international sont des défis à affronter ensemble", a tweeté Charles Michel, président du Conseil européen, qui tend la perche à M. Biden. Les regards demeurent toutefois braqués sur la région du Proche et Moyen-Orient, où Donald Trump a affiché un soutien sans faille à l'allié israélien des Etats-Unis, damant du pied tous les efforts de paix dans la région et remettant en cause la justesse de la cause palestinienne. Joe Biden ne compte pas non plus remettre en cause les relations américaines avec Israël. Il a aussi affirmé, en s'adressant aux donateurs juifs en mai dernier, qu'il ne conditionnera pas l'aide américaine à Tel-Aviv. Mais il plaide en faveur de la restauration des liens entre Palestiniens et Israéliens, en affichant son rejet de la politique d'annexion menée jusque-là par le gouvernement israélien en territoires palestiniens occupés. "Je ne soutiens pas l'annexion", avait dit à l'époque Joe Biden, ajoutant : "Je vais renverser les initiatives prises par l'administration Trump qui, à mon sens, ont significativement écorné les perspectives de paix". Avec l'Iran, ce ne sera pas évidemment le grand amour, mais néanmoins, le 46e président des Etats-Unis a promis de réintégrer l'Accord sur le nucléaire, d'où Donald Trump s'est retiré unilatéralement en 2018, en rétablissant dans la foulée les sanctions prises à l'encontre de Téhéran. Pour rappel, cet accord a été signé à l'époque de la présidence Obama, durant laquelle Joe Biden a beaucoup travaillé avec les partenaires européens, la Russie et la Chine, pour aboutir à un compromis avec l'Iran. Il en est de même des relations avec la Chine et Pékin ne se fait aucune illusion par rapport à un éventuel changement de la position américaine sous Biden, même si le plan du discours, il y aura certainement un réchauffement entre les deux rivaux, tout comme vraisemblablement avec la Russie, dont le président Vladimir Poutine se serait montré content d'un deuxième mandat de Donald Trump.