Et, au final, la prévention contre le coronavirus consiste à envoyer des escouades de dix personnes pour remettre une bavette à des élèves apeurés dans leurs salles de classe. Dans le même temps, le ministre appelle les directeurs de l'éducation à déterminer les «anomalies dans l'organisation de la scolarisation». Dans toutes les crises que vit le pays, l'école revient invariablement au-devant de la scène et focalise, à la même occasion, les errements des pouvoirs publics. Dans l'épreuve sanitaire actuelle, l'élève se retrouve à son corps défendant aux avant-postes dans la stratégie de lutte contre la maladie. Toutes affaires cessantes, l'administration locale organise des sorties encadrées par les services de sécurité pour se rendre non pas seulement dans les écoles, mais dans les salles de classe. Le fil de l'apprentissage, ou de la scolarisation, est rompu aux fins de prodiguer les moyens et les conseils de la prévention. Pour remettre une bavette peut-être aseptisée, il est déposé des millions d'agents pathogènes dans des salles qui ne doivent être accessibles qu'à l'enseignant, parfois l'inspecteur, ou le directeur de l'établissement en cas d'incident. Dans l'administration de wilaya, à la direction de l'éducation, et sans doute au ministère de tutelle, on semble avoir oublié que le rôle de l'élève est d'apprendre. A lire, à écrire, à compter. La prévention et la lutte contre les pandémies, de même que la recherche des vaccins dans les pays les plus développés, sont le souci des adultes. L'appréhension est que, lorsque la crise sanitaire sera dépassée, les élèves seront de nouveau happés par les cycles des mouvements de protestation sociale qui ont une prédilection pour l'institution éducative. La préservation de l'école en la mettant à l'abri de la tourmente nationale est l'un des gages de la construction d'un véritable destin pour le pays. Celui-ci connaîtra la stabilité lorsque le système éducatif aura obtenu durablement la sienne. Après l'esclandre à la rentrée au sujet des tables, il y a à présent un forcing autour d'un dispositif sanitaire qui part en vrille. Toutes les mesures de protection et de prévention doivent être pensées et gérées en amont et au moment opportun, sans empiéter sur le temps et l'espace réservés à l'activité scolaire. Le seul moment où l'école devra être mise sous les projecteurs, c'est lorsque le dossier de la refonte des programmes sera ouvert. Ce ne seront pas alors les corps des services de sécurité et de la Protection civile ou de l'administration publique qui seront sollicités, mais les compétences pédagogiques et scientifiques qui suivent, avec dépit, la déroute nationale, parfois à partir des plus grandes universités du monde. Pour l'heure, le système éducatif sert de révélateur de l'incurie des autorités et de l'impasse de la gouvernance dans le pays. L'échec est consommé, quand on lie les établissements scolaires à des «zones d'ombre», alors que des intelligences en formation renvoient d'intenses lumières. Advertisements