Après un fléchissement de la courbe des contaminations à la Covid-19, se traduisant par une baisse de la vigilance et le non-respect des gestes barrières de protection, le compteur repart à la hausse ces derniers jours avec, à la clé, cette crainte d'une deuxième vague tant redoutée, qui commence à s'installer dans les esprits des citoyens. Les nouvelles inquiétantes qui nous parviennent de notre voisinage immédiat, à l'instar de la Tunisie qui vient de décréter le couvre-feu sur l'ensemble de son territoire, et du reste du monde où l'on assiste à la résurgence des scénarios des premières semaines de la pandémie avec ses pics de contaminations, de décès, ses scènes de psychose, de congestion des structures hospitalières, ne laissent pas indifférents les Algériens. C'est dans ce contexte de recrudescence de la pandémie dans le monde et en Algérie, avec l'augmentation des chiffres de contaminations observés ces derniers jours, après une relative et éphémère accalmie que les élèves du primaire ont repris, chez nous, hier matin, le chemin de l'école après une pause forcée de près de 8 mois. Depuis Batna où il avait donné, hier, le coup d'envoi de la rentrée scolaire, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a appelé les parents d'élèves à «préserver la santé de leurs enfants». Cette insistance des pouvoirs publics à tout focaliser sur la responsabilité citoyenne dans la lutte contre la Covid-19, au point de vouloir parfois lui faire jouer un rôle qui n'est pas le sien, au lieu et place des institutions de l'Etat, est une manière de faire porter au seul citoyen le chapeau de l'instabilité de la situation sanitaire, tout en occultant et dédouanant les défaillances du dispositif sanitaire mis en place. C'est un lieu commun de dire que la responsabilité des parents s'arrête à la porte des établissements scolaires ; c'est à l'institution éducative que revient la mission de prendre le relais en matière de suivi de l'exécution du protocole sanitaire lié à la pandémie mis en place par les autorités sanitaires. Et c'est à l'Etat de réunir les conditions nécessaires au plan des moyens, de l'organisation et de l'encadrement pédagogique pour que les recommandations sanitaires édictées en milieu scolaire ne soient pas de simples vœux pieux. Ce qui est loin d'être le cas, particulièrement dans les établissements scolaires de l'arrière-pays, où les conditions de vie et de scolarisation demeurent archaïques. Il reste à invoquer la baraka pour épargner à nos enfants des situations incontrôlées et incontrôlables, dont on n'ose pas imaginer les conséquences, tant en amont on ne sait rien des moyens mobilisés en termes de lits d'hospitalisation et de capacités de soins de notre système sanitaire à faire face à une situation d'urgence, si elle venait à surgir. L'expérience d'autres pays, contraints de fermer des écoles suite à l'apparition de foyers de contamination, impose vigilance et anticipation dans la lutte contre la pandémie. Pour les pouvoirs publics qui s'évertuent, afin de se donner bonne conscience, seulement à appeler les citoyens au respect des gestes barrières, la tâche s'annonce autrement plus complexe encore avec ce nouveau défi de la rentrée scolaire. Celle-ci nécessite des moyens et une mobilisation de tous les instants, pour le suivi et l'accompagnement, particulièrement, des écoliers des paliers inférieurs de l'éducation, lesquels ne sont pas outillés pour intégrer dans leurs comportements les gestes de prévention sanitaire recommandés. Advertisements