En Libye «les influences extérieures sont encore plus importantes qu'en Syrie. La Libye pourrait surtout devenir une ‘‘nouvelle Somalie'', c'est-à-dire un pays sans Etat plongé dans une crise insoluble», a indiqué Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères algérien et haut fonctionnaire des Nations unies, dans une interview au quotidien Le Monde Pour avoir beaucoup travaillé sur la résolution de conflits, j'ai fini par penser que les interventions militaires étrangères sont toujours négatives à terme. En Libye, l'intervention occidentale, mal conçue, mal exécutée, n'était pas nécessaire. Elle a beaucoup contribué à la situation actuelle», affirme le diplomate algérien. …«L'esprit de la Charte des Nations unies paraît avoir été oublié des grandes puissances : l'ONU n'a plus la capacité de gérer, encore moins de résoudre, des conflits tels qu'en Libye, en Syrie, au Yémen... La fin des improvisations simplistes de l'ère Trump devrait cependant ouvrir la voie à un environnement international plus apaisé», souligne Lakhdar Brahimi au journal du soir français Le Monde. Lakhdar Brahimi considère que «pour l'essentiel, les dégâts causés par l'ère Trump ne sont pas irréversibles. Comme le départ des Etats-Unis de l'Organisation mondiale de la santé [OMS], par exemple. Celle-ci peut certes être critiquée, mais la quitter en pleine pandémie était de la folie pure !»…«En revanche, nul ne remettra en question aux Etats-Unis la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Ce qui est irréversible, c'est l'exceptionnalisme américain que Trump a appliqué d'une manière vulgaire et brutale, mais qu'il n'a pas inventé». Sur la normalisation des relations des pays du Golfe avec Israël et la perspective d'un Etat palestinien, «Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a dit que les relations diplomatiques que son pays a établies avec des pays de la région n'ont rien à voir avec l'occupation des territoires palestiniens». «Mais ces développements compliquent la situation des Palestiniens ainsi que les conditions de leur lutte nationale. Pour autant, ils ne sont pas sans arguments ; le droit à l'autodétermination des peuples est inscrit dans le droit international. En outre, ils bénéficient d'un soutien accru dans les opinions publiques de la région et dans le reste du monde», considère Lakhdar Brahimi. Face au risque nucléaire, «la seule chose à faire est de parler, de proposer». Lakhdar Brahimi indique que The Elders* «a présenté un projet à la conférence de Munich sur la sécurité, en 2019, qui consistait à contenir le nombre de puissances nucléaires et à réduire les arsenaux existants. Tant qu'il n'y aura pas un réel effort de désarmement, la prolifération continuera. Si Israël reste la seule puissance nucléaire au Proche-Orient, l'Iran, mais aussi la Turquie, l'Egypte ou l'Arabie Saoudite chercheront à l'acquérir». «Quand Trump a annoncé la sortie des Etats-Unis de cet accord (accord nucléaire avec l'Iran), en 2018, malgré l'avis de tous les autres signataires (les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne], ces derniers n'ont pas été capables de maintenir leur engagement à continuer de commercer avec l'Iran, par peur des sanctions américaines. Il est demandé aux Iraniens de respecter un accord que ses partenaires ne sont pas capables d'honorer. Il faudrait que tout le monde se mette d'accord pour ne plus accepter ce système d'extraterritorialité du droit américain». «Il y a un pays, les Etats-Unis, pour lequel le droit international n'existe pas. Le résultat, c'est que personne ne respecte plus ce droit.» * Le comité pour la paix The Elders dont Lakhdar Brahimi est membre a été créé à l'initiative de Nelson Mandela en 2007 . The Elders a publié en mai 2020, un rapport intitulé « Pourquoi le multilatéralisme doit remodeler le monde après la Covid19 ». Paris De notre bureau Nadjia Bouzeghrane Advertisements