Les Américains sont à l'origine du terrorisme. La politique et les actions de l'administration Trump sont du terrorisme aussi. Ses politiques reflètent une pensée en crise et sont condamnables et nous avons le droit d'y riposter.». C'est en ces termes qu'a réagi hier, sur Twitter, un haut responsable des rebelles, Mohamed Ali Al Houthi, après la désignation la veille des Houthis de groupe «terroriste» par Washington, rapportent des médias. Et d'ajouter : «Le peuple yéménite n'a que faire de toute désignation de l'administration Trump du moment qu'elle est complice dans le meurtre de Yéménites.» Dimanche, le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a annoncé que les Houthis seraient inscrits sur la liste des groupes «terroristes». Trois chefs des Houthis sont également inscrits sur la liste noire, dont leur dirigeant Abdel Malek Al Houthi. Le gouvernement yéménite s'est félicité de la décision américaine. «Les Houthis méritent d'être classés comme une organisation terroriste étrangère, non seulement pour leurs actes terroristes, mais aussi pour leurs efforts permanents pour prolonger le conflit», selon un communiqué de l'Exécutif yéménite. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a aussi salué la décision américaine, qui va «dans le sens des appels du gouvernement yéménite légitime à mettre fin aux activités de cette milice soutenue par l'Iran», selon l'agence officielle SPA. En revanche, l'Iran a condamné la décision américaine, jugeant que la liste noire américaine constitue «un processus qui a perdu sa crédibilité (…)». Les sanctions américaines contre les Houthis entreront en vigueur le 19 janvier, soit la veille de l'entrée en fonctions du président élu Joe Biden. Mike Pompeo a expliqué dans un communiqué qu'il notifierait le Congrès de cette décision afin de renforcer la «dissuasion contre les activités néfastes du régime iranien». Les sanctions visent à tenir les Houthis notamment «pour responsables des attaques transfrontalières menaçant les populations civiles, les infrastructures et le transport maritime», a-t-il indiqué, allusion aux attaques aux missiles et drones des Houthis contre le royaume saoudien voisin. Des organisations non gouvernementales (ONG) s'inquiètent de la décision américaine qui pourrait entraver l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen, comme les contacts avec des chefs houthis, le paiement du personnel médical et l'achat de nourriture et pétrole. «Le gouvernement américain doit s'assurer que les sanctions n'empêchent pas l'entrée de nourriture, de carburant et de médicaments dans un pays déjà en pleine catastrophe humanitaire totale», a déclaré le directeur de l'ONG Norwegian Refugee Council au Yémen, Mohamed Abdi. A son tour, l'organisation Save the Children a affirmé que des milliers d'enfants seront davantage exposés au risque de famine et de maladie. La décision des Etats-Unis pourrait «ajouter des obstacles à la réponse humanitaire et entraver les efforts pour mettre fin au conflit», a observé l'organisation dans un communiqué Hostilités Se voyant marginalisés, les Houthis mènent, à partir de leur fief de Saada (nord) depuis 2004 la guerre au pouvoir central. Le président à l'époque, Abdallah Saleh, les accuse de vouloir rétablir l'imamat aux dépens de la République. En septembre 2014, les insurgés entrent dans la capitale Sanaa, appuyés par des partisans de l'ex-président Saleh. En mars 2015, une coalition arabe menée par Riyad lance une opération aérienne pour bloquer l'avancée des rebelles vers le Sud. Washington fournit un soutien logistique et en renseignement. Le président Hadi se réfugie à Riyad. Le 29 novembre 2017, la crise entre les Houthis et l'ex-président Saleh dégénère. Le 2 décembre, ce dernier propose au royaume wahhabite de «tourner la page», à condition qu'il lève le blocus renforcé un mois plus tôt après un tir de missile par les Houthis au-dessus de Riyad. Le 4 décembre, il est tué par des rebelles qui renforcent leur présence à Sanaa. Fin janvier 2018, des séparatistes du Sud, Etat indépendant avant sa fusion avec le Nord en 1990, se retournent contre les forces gouvernementales à Aden, avant qu'une intervention saoudo-émiratie ne stoppe la bataille. En juin 2018, les forces progouvernementales, appuyées par Riyad et Abou Dhabi, lancent une offensive sur la ville portuaire Hodeïda au Sud. En août 2019, des affrontements opposent à Aden des éléments séparatistes de la force «Cordon de sécurité», entraînée par les Emirats, aux troupes du gouvernement, soutenues par Riyad. Le 29 août, les forces séparatistes reprennent Aden. En septembre, les rebelles revendiquent des attaques contre deux installations pétrolières saoudiennes. Riyad et Washington accusent l'Iran, qui dément. Fin décembre, plusieurs explosions ont fait au moins 26 morts à l'aéroport d'Aden, la capitale provisoire du Yémen, au moment où a atterri un avion transportant le nouveau gouvernement d'union. Ce nouveau gouvernement, rassemblant des ministres pro-pouvoir et des séparatistes du Sud, a été formé le 18 décembre sous l'égide de l'Arabie Saoudite. Ces deux camps qui se disputaient le pouvoir dans le Sud sont alliés contre les rebelles houthis. Le ministre de l'Information, Mouammar Al Iryani, a accusé sur Twitter les rebelles houthis d'avoir mené cette «attaque terroriste». Advertisements