Le sort du général-major à la retraite Ali Ghediri n'a toujours pas été tranché. Annoncé par un de ses avocats pour hier, l'examen de son dossier par la chambre d'accusation près la cour d'Alger n'a pas eu lieu. Coup de théâtre hier matin à la cour d'Alger. L'affaire de l'ex-candidat à l'élection présidentielle avortée d'avril 2019, le général-major à la retraite Ali Ghediri, n'a pas été examinée par la chambre d'accusation. La veille, des membres de son collectif de défense avaient annoncé sa programmation après sa transmission par la Cour suprême. Cette haute juridiction avait statué, en décembre dernier, sur le pourvoi en cassation contre l'arrêt de la chambre d'accusation près la cour d'Alger de maintenir l'accusation de «participation en temps de paix à une entreprise de démoralisation de l'armée ayant pour objectif de nuire à la défense nationale», en décidant de casser cette décision et de renvoyer le dossier devant la même chambre d'accusation autrement composée. La Cour suprême a estimé que les magistrats ont outrepassé leurs prérogatives, déclarant que les faits sont avérés, comme s'ils étaient des juges de siège. Elle a donc annulé les décisions et le réexamen du dossier doit intervenir dans les dix jours qui suivent son transfert à la cour d'Alger, «c'est-à-dire au maximum dimanche prochain». Membre du collectif de la défense de Ali Ghediri, Me Aouicha Bakhti avait affirmé, dans un entretien à El Watan paru samedi dernier, qu'un non-lieu au profit de Ali Ghediri est la décision la plus logique, à partir du moment où la Cour suprême a estimé l'accusation infondée. «Détention arbitraire» De ce fait, «la détention de l'accusé tombe sous le coup de l'illégalité», évoquant plus loin une «détention arbitraire». Il est à rappeler que Ali Ghediri entame son 20e mois d'incarcération, durant laquelle il a toujours clamé son innocence. Dans une lettre écrite à partir de sa cellule de l'établissement pénitentiaire d'El Harrach, à Alger, et lue par ses avocats lors d'une conférence de presse il y a quelques mois, Ghediri a pointé du doigt «les survivants de l'ancien système» accusés «d'être à l'origine de son confinement politique». Et de déclarer : «Ne laissons pas l'Algérie sombrer dans l'anarchie. Seuls les survivants de l'ancien système en profiteraient. Ils sont nombreux, ils sont parmi nous. Ce sont eux qui sont à l'origine de mon confinement politique depuis 16 mois. Ce sont eux qui manœuvrent dans l'ombre pour que j'y reste (...). Sachez mes frères et sœurs que quoi qu'ils fassent, ils ne me feront pas fléchir. Ils ne nous feront pas baisser les bras. L'histoire retiendra que le peuple algérien a entamé un autre projet pour l'avenir. L'Algérie vaincra.» Pour Ali Ghediri, «quoi qu'il en soit, mes convictions ne font que se raffermir pour mener encore le combat contre un système qui a mené le pays à l'impasse. Ce combat vaut tous les sacrifices (...)». Ses avocats estiment que le «seul crime qu'il a commis est d'avoir voulu faire de la politique». Quelques semaines plus tard, la chambre d'accusation près la cour d'Alger a abandonné les faits de «mise à disposition d'informations et de documents pouvant porter atteinte à l'économie et la sécurité nationales à des parties étrangères» et retenu l'accusation de «participation à une entreprise de déstabilisation de l'armée». La défense s'est pourvue contre cette décision et la Cour suprême a prononcé sa nullité et renvoyé l'affaire devant la même juridiction autrement composée. Après 20 mois de détention, le sort de Ali Ghediri n'est toujours pas tranché. Advertisements