Le pourvoi en cassation introduit par la défense de Ali Ghediri a été accepté par la Cour suprême qui a décidé, hier, de renvoyer le dossier du général-major à la retraite devant la chambre d'accusation. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Une très grande satisfaction régnait mercredi matin au sein du collectif d'avocats chargé de la défense de Ali Ghediri. Me Khaled Bourayou évoque le soulagement de voir « la qualification du fait pour lequel il a été inculpé et placé sous mandat de dépôt remise en cause ». Il rappelle que son client est poursuivi pour « participation à la déstabilisation de l'armée en temps de paix ». Le second chef d'inculpation sous le coup duquel il se trouvait, « intelligence avec l'ennemi », avait été, quant à lui, annulé par la chambre d'accusation en juillet dernier. Les avocats de Ghediri estiment que la décision de la Cour suprême laisse désormais souffler un vent d'espoir puisqu'elle annule l'arrêt rendu par la chambre criminelle (qui avait retenu le principal chef d'inculpation) et renvoie l'affaire devant la chambre d'accusation. Cette dernière devra à nouveau statuer et rendre un verdict qui peut prendre trois formes, explique-t-on : requalifier les faits, ordonner un procès ou prononcer tout bonnement un non-lieu qui aboutira, de ce fait, nécessairement à la libération du prévenu. Hier, il y avait également une grande joie au sein du collectif de soutien de Ali Ghediri. Plusieurs de ses membres ont d'ailleurs tenu à effectuer le déplacement à la Cour suprême. Ce collectif qui s'est mis en place au lendemain de l'incarcération de l'ancien candidat à la présidentielle de 2019 n'a eu de cesse d'informer et d'alerter l'opinion publique au sujet des derniers développements de ce dossier. Tout comme les avocats, ils considèrent Ali Ghediri comme étant un détenu politique ayant fait les frais de la conjoncture particulière que traversait le pays en 2019. Interpellé le 12 juin de cette même année par des éléments des services de sécurité, il avait été conduit vers une caserne de la Direction de la sécurité intérieure où il a été interrogé avant d'être libéré, très tard dans la nuit muni d'une convocation indiquant qu'il devait se présenter le lendemain, 13 juin, au tribunal de Dar-el-Beïda. Le juge qui instruit son affaire le place sous mandat de dépôt. Depuis, ses avocats n'ont eu de cesse de dénoncer une affaire qui relève, selon eux, d'un « règlement de comptes ». Le dossier de Ghediri a été qualifié de « vide » par Me Bourayou qui s'est aussi étonné «qu'on puisse faire croire qu'une personne seule puisse déstabiliser l'armée ». Le général-major à la retraite a fait, lui aussi, entendre sa voix à partir de la prison. En juillet dernier, ses avocats ont rendu publique une lettre dans laquelle il annonçait sa décision d'entamer une grève de la faim «illimitée et irréversible » pour protester contre son statut de «confiné politique». « Ne laissons pas l'Algérie sombrer dans l'anarchie, écrivait-il encore, les survivants de l'ancien système en profiteraient. Ils sont nombreux, ils sont parmi nous, ils sont à l'origine de mon confinement politique depuis 16 mois, ce sont eux qui manœuvrent dans l'ombre pour que j'y reste .» Moins de dix jours après avoir entamé sa grève de la faim, Ghediri est forcé d'y mettre fin en raison de sa contamination au coronavirus. A. C.