Le Comité pour la libération d'Ali Ghediri, ancien général à la retraite et ancien candidat à l'élection présidentielle annulée du 19 avril 2019, a organisé, hier au siège du MDS à Alger, une conférence de presse sur la situation du détenu de Koléa, incarcéré depuis 16 mois pour « atteinte au moral de l'armée ». La conférence a été animée par le président du comité, Yazid Rebouh, et quatre avocats de la défense, à savoir Khaled Bourayou, Aouicha Bekhti, Me Chafei et Me Haddad, en présence de membres de la famille Ghediri et de ses amis. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le président du comité et les quatre avocats du collectif de la défense d'Ali Ghediri se sont relayés pour dénoncer le caractère «arbitraire» de l'incarcération de l'ancien général à la retraite et expliquer que « le dossier est vide » et que son affaire est politique et non juridique. Poursuivi pour «participation à la fourniture à des agents de pays étrangers d'informations qui portent atteinte à l'économie nationale» et « atteinte au moral de l'armée », avant que le premier chef d'inculpation ne soit annulé par la justice, Ali Ghediri est en détention depuis juin 2019 à la prison d'El-Harrach avant d'être transféré à Koléa (Tipasa). Ses avocats estiment que les poursuites contre lui sont infondées, expliquant que « si on a une justice indépendante, il n'a même pas besoin de défense pour être libéré ». «Il est poursuivi sur la base d'un crime infondé et qui ne peut être commis par une seule personne mais par un groupe », explique Me Bourayou, qui évoque «un règlement de comptes » et « une volonté de punir Ali Ghediri », déplorant que « la justice est au service de l'Etat et non de la société ». Pour sa défense, le seul crime commis par Ghediri est sa candidature à l'élection présidentielle et son entrée dans l'arène politique. Les avocats ont déploré l'instrumentalisation de la justice dans cette affaire, affirmant que la défense est impuissante face à ce genre de situation du moment que « les décisions sont prises ailleurs », comme l'a affirmé Aouicha Bekhti. Il déplore que parmi tous ceux qui étaient poursuivis pour «atteinte au moral de l'armée», à l'image de Hocine Benhadid et Lakhdar Bouregaâ, seul Ali Ghediri l'est pour «crime» alors que les autres l'étaient pour «délit». Et de souhaiter que la Cour suprême donne une suite favorable à leur demande de requalifier l'affaire pour voir enfin son procès s'ouvrir. «Ali Ghediri est un détenu politique, victime d'une injustice qu'il faut réparer», a plaidé, pour sa part, Me Haddad alors que Me Chafei a soutenu que «l'affaire n'est pas d'ordre juridique mais d'ordre politique», ajoutant que «Ghediri a été mis en prison car il dérangeait et risque de déranger encore». L'appel de Ghediri Au cours de cette conférence, le président du comité Yazid Rebouh a fait lecture d'une lettre envoyée par le détenu Ali Ghediri à partir de la prison. Dans cette lettre, l'ancien candidat à l'élection présidentielle a affirmé que «quoi qu'il en soit, sachez que mes convictions ne font que se raffermir pour mener encore le combat contre un système qui a mené le pays à l'impasse». «Ce combat vaut tous les sacrifices. Néanmoins, nous ne sommes pas sans observer que chaque jour qui passe met un peu plus à nu ce funeste système. Il en révèle les travers qui ont fait perdre à l'Algérie du temps et de l'argent. Il fallait toute une révolution et elle a eu lieu en ce mémorable 22 février 2019. Il est vrai que notre peuple ne saurait, en aucune manière, abdiquer. Son histoire le prouve. Un peuple de Hirak est un peuple de tempête. Il a toujours bouleversé l'ordre établi », a-t-il écrit. Il a ajouté que la génération post-indépendance a ébranlé le système «qui a perverti nos valeurs nationales et s'est accaparé de notre histoire mais aussi de notre identité, de nos richesses, de notre religion et de notre voix » un certain 22 février 2019. Pour le détenu de Koléa, « ce système politique qui a mis notre pays à genoux est bel et bien mort ». Mais, soutiendra-t-il encore, le combat démocratique est rude car ce système résistera et fera tout pour entraver la démocratisation et le développement du pays. Ali Ghediri a évoqué le référendum sur la révision de la Constitution du 1er novembre prochain, qualifié «d'échéance électorale importante». «Comme toute Constitution, elle ne saurait être parfaite, néanmoins nous espérons qu'elle sera porteuse des principes de Novembre et des aspirations de la révolution citoyenne, le Hirak. Cet espoir et ces promesses ne pourraient se concrétiser qu'avec l'émergence d'un renouveau démocratique, d'une réflexion, d'une concertation qui seraient fidèles aux aspirations portées par la révolution du 22 février 2019», a-t-il écrit. Et d'appeler à ne pas laisser « les nostalgiques de l'ancien système et les opportunistes de tout bord prendre la place de ceux qui ont à cœur de voir l'Algérie fonctionner autrement». «Ne laissons pas l'Algérie sombrer dans l'anarchie. Seuls les survivants de l'ancien système en profiteraient. Ils sont nombreux, ils sont parmi nous. Ce sont eux qui sont à l'origine de mon confinement politique depuis 16 mois. Ce sont eux qui manœuvrent dans l'ombre pour que j'y reste. Sachez mes frères et sœurs que quoi qu'ils fassent, ils ne me feront pas fléchir. Ils ne nous feront pas baisser les bras. L'Histoire retiendra que le peuple algérien a entamé un autre projet pour l'avenir. L'Algérie vaincra», a-t-il conclu. K. A.