L'Algérie s'apprête à reprendre les importations de voitures dans des conditions que beaucoup ont du mal à comprendre, tant des questions telle que celle des prix notamment restent entourées de mystère. D'aucuns se demandent en effet s'ils doivent s'acquitter toujours de plus de dinars pour s'offrir un modèle de véhicule qui coûtait beaucoup moins cher il y a quelques années seulement. La question des prix est certes importante, mais il ne faut pas non plus oublier que sur le plan de la qualité aussi beaucoup reste à dire, si l'on s'en tient aux comparaisons qui sont souvent effectuées par les consommateurs sur les produits cédés sur le marché local ou ailleurs, plus près de nous comme en Europe par exemple. On ne sait pas encore si les dirigeants politiques partagent la préoccupation des consommateurs, dès lors que leur objectif premier est de plafonner les dépenses annuelles en la matière à 2 milliards de dollars. Le marché sera-t-il assez parfait pour tirer bénéfice de la concurrence ? Ce sont autant de questions que les uns et les autres se posent, alors que la stratégie industrielle, tant claironnée pour jeter les bases d'une industrie automobile, a encore beaucoup de mal à convaincre, notamment à cause des errements du passé qui ont démontré qu'une industrie est d'abord et avant tout une question de vision et de stratégie d'ensemble. Qu'en est-il déjà de l'accord d'association avec l'Union européenne ? La zone de libre-échange qui doit être installée en premier lieu, notamment pour les produits industriels, va-t-elle générer la baisse des prix ? Le marché du véhicule neuf en Algérie, il faut le rappeler, a connu une métamorphose sans précédent durant la dernière décennie. Des prix sont passés du simple au double sans véritable justification, alors qu'en parallèle une prétendue industrie locale était censée être mise en place à force d'avantages multiples pour les concessionnaires convertis en industriels de circonstance. Tout cela sans que le résultat soit répercuté ni au niveau des prix ni d'ailleurs au niveau des recettes de l'Etat, sauf la part payée rubis sur l'ongle par le consommateur. L'institution d'une nouvelle taxe liée à l'acquisition du véhicule neuf, en plus de toutes celles qui gravitent autour, que ce soit pour l'assurance ou la vignette par exemple, a obéré d'autant plus la demande. Le risque est ainsi grand de voir ce marché des véhicules neufs échapper à tout contrôle, notamment au niveau des prix et de la qualité, étant donné les nouvelles caractéristiques qui le concernent. La baisse de la valeur du dinar, le plafonnement des dépenses annuelles limitées à 2 milliards de dollars, pour éviter une hémorragie de la devise devenue si rare dans le pays à cause d'une baisse sensible des recettes des hydrocarbures, sèment davantage le doute. Rien qu'à ce niveau, l'échec des politiques suivies jusque-là est patent. Il est grand temps de sortir des stratégies de rapiècement pour s'engager dans la voie du développement en effectuant des choix économiques judicieux à plus long terme. Mais là, un changement du tout au tout doit d'abord être la règle. Advertisements