«Je ne peux rien dire. Ce rapport ne nous a pas été adressé officiellement et nous ne pouvons pas réagir sur la base de ce qui a été rapporté par la presse. Les relations entre Etats ne sont pas gérées comme ça», déclare Abdelmadjid Chikhi. Le directeur général des Archives nationales et conseiller chargé de la mémoire auprès de la Présidence, Abdelmadjid Chikhi, refuse de commenter le rapport de l'historien Benjamin Stora sur «Les mémoires de la colonisation et de la guerre d'Algérie». «Je ne peux rien dire. Ce rapport ne nous a pas été adressé officiellement et nous ne pouvons pas réagir sur la base de ce qui a été rapporté par la presse. Les relations entre Etats ne sont pas gérées comme ça», nous déclare-t-il. Et d'ajouter : «Nous réagirons lorsque nous recevrons le rapport de manière officielle.» Abdelmadjid Chikhi a refusé également de s'exprimer sur ce qui a été fait de côté algérien sur cette question de la mémoire. Pour rappel, Abdelmadjid Chikhi a été désigné, en juillet dernier, par le président Abdelmadjid Tebboune «en tant que représentant de l'Algérie pour mener le travail avec l'Etat français sur les dossiers inhérents à la mémoire nationale et à la récupération des archives nationales». Le directeur général des Archives nationales devait mener le travail en collaboration avec l'historien Benjamin Stora. En décembre dernier, Abdelmadjid Chikhi avait affirmé qu'il n'y a pas eu de collaboration avec Benjamin Stora. «Je n'ai eu de contacts avec l'historien français Benjamin Stora qu'à deux reprises par téléphone. Il m'a affirmé qu'il préparait un rapport à la demande du président français, Emmanuel Macron, et qu'il ne pouvait pas parler de ce dossier avant de remettre son rapport aux autorités françaises», avait-il déclaré. Mais la diffusion, mercredi dernier, du contenu du rapport remis par l'historien français spécialiste de l'histoire de l'Algérie au président Emmanuel Macron a suscité des interrogations sur la partie du travail devant être réalisée par Abdelmadjid Chikhi. «Qu'est-ce qui a été fait du côté algérien ?» se demandent de nombreux observateurs. Pas de réponse. Pour l'instant, le rapport Stora a provoqué de nombreuses réactions des historiens algériens qui ont analysé son contenu. C'est le cas de Hassan Remaoun qui affirme que «ce rapport correspond à la commande faite par le président Macron». «Il ne s'agit pas de l'élaboration d'une nouvelle version de l'histoire de la colonisation française en Algérie et de la Guerre de Libération nationale, mais plutôt de la présentation d'un état des lieux mémoriel et des retombées que cela suscite dans les relations franco-algériennes», précise-t-il dans une déclaration à l'APS. Selon lui, l'objectif est «d'assumer le lourd contentieux légué dans ce domaine par l'histoire et d'apaiser autant que possible les mémoires de tous les concernés». Pour sa part, Mohamed El Korso estime que ce document doit interpeller la classe politique française. «Avant d'être une feuille de route pour des négociations sur des sujets sensibles entre l'Algérie et la France dans la perspective d'une future réconciliation pas seulement mémorielle, mais aussi politique, stratégique, scientifique, économique, culturelle…, il interpelle d'abord l'ensemble de la classe politique française à se réconcilier avec sa propre mémoire», indique-t-il. Advertisements