L'annonce de tels projets, dont la réalisation suppose des financements conséquents, est une pure excitation qui exploite les aspirations des citoyens. En dépit d'un important déficit budgétaire, les pouvoirs publics tentent, dans un sursaut salvateur, de redynamiser des secteurs dont les projets sont en décrépitude. Plusieurs projets dits «structurants» de la capitale connaissent des atermoiements qui entravent la relance de grands chantiers, notamment dans le domaine des travaux publics et du transport. Malgré ce constat qui doit en principe limiter toute projection objective, deux grands projets qui concernent la capitale ont été annoncés par le ministre des Travaux publics et ministre des Transports par intérim, Farouk Chiali. Le premier projet porte sur la réalisation de deux autoroutes à étages. Le second concerne la relance du projet de réalisation d'un système de régulation de la circulation routière. Ces deux grands chantiers visent, d'après le ministre, l'amélioration de la mobilité dans la capitale et la décongestion des principaux axes qui desservent les localités à forte densité démographique. Ces autoroutes à étages seront réalisées avec une disposition superposée tout au long des tracés existants qui sont empruntés quotidiennement par un nombre grandissant d'automobilistes. Aucun argument D'après les énoncés du projet, la première autoroute sera réalisée au niveau de la rocade sud reliant l'aéroport à Zéralda. Quant à la deuxième, elle sera réalisée au niveau de l'autoroute de l'Est reliant l'aéroport à Alger-Centre. Si le choix du premier tronçon est tout à fait justifié, le second itinéraire (aéroport-Zéralda) n'est étayé par aucun argument d'ordre démographique. En tout état de cause, il convient de signaler que la capacité des autoroutes existantes dans ces deux axes, particulièrement celui de l'autoroute de l'Est, ne peut plus contenir le flux grandissant d'automobiles qui les empruntent quotidiennement et ne suffit plus pour absorber le flux du trafic routier estimé à 22 000 véhicules/jour. Quant au projet du système de régulation et du contrôle de la circulation dans la capitale, il sera relancé, précise M. Chiali, par la wilaya d'Alger. Ce projet, lancé en 2017 par la société mixte algéro-espagnole (MOBEAL), prévoyait l'installation de 500 carrefours avec des feux tricolores dits «intelligents», et ce, afin de résoudre les problèmes de congestion du trafic dans tous les points noirs identifiés dans la capitale. Lors de la première étape du projet, une vingtaine de carrefours ont été réceptionnés sur 200 prévus. Cependant, et en dépit de la réception de ces 200 carrefours, les feux tricolores ne sont toujours pas opérationnels. Des essais ont été pourtant effectués pendant une certaine période. Mais ces derniers se sont arrêtés net, suite, entre autres, à la pandémie du nouveau coronavirus. Les initiateurs du projet mettent en exergue le fait que le système permet de connaître le trafic routier en temps réel, améliorer les conditions de déplacement, réduire la durée des voyages et tenir informés les usagers de la route via internet. La réception et la mise en marche des feux tricolores intelligents sur l'axe place du 1er Mai-Sidi M'hamed-Belouizdad constituent la première phase. La zone a été raccordée «temporairement» à un mini-centre pilote au niveau de l'unité Etusa de la place du 1er Mai afin de bien s'imprégner des particularités de ce système intelligent et de l'utilisation de nouveaux outils technologiques. Rappelons que le projet a connu une cadence très lente, malgré l'aisance budgétaire. Qu'en sera-t-il en cette période où les ressources manquent cruellement ? Le lancement de ce genre de projets est tributaire de la disponibilité des financements, or il n'est pas à démontrer que l'Etat soutient actuellement un déficit de 12 milliards de dinars. L'annonce de tels projets, dont la réalisation suppose des budgets conséquents, est une pure excitation qui exploite les passions et les aspirations de la multitude. Advertisements