On croyait le projet tombé à l'eau, mais les feux de signalisation ou feux tricolores ressortent à la lumière du jour après trois ans passés dans le noir de tiroirs poussiéreux. C'est le wali d'Alger, Youcef Cherfa, qui en a fait l'annonce, dimanche dernier, indiquant que 44 carrefours seront prochainement équipés en feux de signalisation intelligents à Alger. Il s'agit d'une première phase du projet de régulation du trafic routier et de l'éclairage public à Alger, confié à une société mixte algéro-espagnole «Mobilité, éclairage d'Alger» (MOBEAL), créée en 2016, et qui vient à peine d'achever la phase pilote au niveau de 22 carrefours, dont la mise en service est prévue très prochainement pour décongestionner le trafic routier. Ce projet d'installation des feux rouges à Alger, qui devait, en 2016, coûter 1.500 milliards de centimes, a été confié à la société mixte MOBEAL, constituée de l'Entreprise de gestion de la circulation et du transport urbain (EGCTU), l'Etablissement de réalisation et de maintenance de l'éclairage public d'Alger (ERMA) et deux sociétés espagnoles, Indra et Sice, spécialisées dans les systèmes de régulation de la circulation. Mais, vu la longue berne de ce projet, tout le monde avait cru que le projet a été tout bonnement annulé. Et, personne ne s'en est inquiété outre mesure. Une indifférence qui traduit le manque d'enthousiasme autant chez les autorités que les automobilistes, qui ne souhaitent pas vivement l'installation de cet outil de régulation de la circulation routière au niveau des grands carrefours à grande densité de circulation automobile. Enfin, le même responsable a affirmé que la partie algérienne n'a pas annulé le contrat conclu avec la société espagnole chargée de la mise en place d'un système de régulation du trafic routier et de l'éclairage public au niveau de la capitale, faisant savoir que le contrat de réalisation de ce projet vital est toujours en vigueur, et qu'il devait rencontrer, hier lundi, les représentants de la société espagnole pour examiner les entraves et relancer le projet, dont la première tranche concerne 200 carrefours sur un total de 500. Rappelons que le projet avait rencontré certaines difficultés pour la mise en place et pour la connexion de la fibre optique, mais même si on arrive à régler tous les aléas financiers et techniques, on se demande si ces feux de signalisation participeraient effectivement à une gestion efficace du trafic urbain. Parce que les automobilistes algériens seront nombreux à brûler le feu rouge ou orange et cela brouillerait inévitablement l'« intelligence » du système, basée sur des capteurs du flux de circulation routière qui conditionnent ou régulent le temps de chaque couleur (le rouge, l'orange et le vert). Les automobilistes algériens sont indisposés par les feux tricolores, également par le policier en faction qui régule la circulation. On soutient avec force que les feux de signalisation et le policier de faction participent à la congestion de la circulation plutôt que de la fluidifier. Vrai ou faux ? Il y a peut-être du vrai dans tout cela mais c'est la faute à l'absence de culture d'une vie citadine réglementée sur le fil. Des Algériens qui sont partis vivre dans de grandes villes européennes ou américaines ont tous avoué qu'ils ont mis du temps pour s'adapter à l'ordre impeccable qui régnait partout sur les routes et dans les espaces publics. Au-delà, donc, des difficultés techniques et financières rencontrées dans l'exécution de ce projet, il y a lieu de prendre en considération cette autre difficulté de l'allergie culturelle à la discipline et à l'ordre sur les routes, ou ailleurs.