La galerie d'art le «Paon» du centre des arts de Riadh El Fath organise depuis presque un mois une exposition artistique sous le thème de «L'année art-graire» mettant en scène les œuvres de certains de ses artistes et anciens étudiants de l'Ecole supérieure des beaux-arts (ESBA). Rencontrée, la fondatrice de cet espace artistique, Mme Amel Mihoub, nous affirme que sa galerie existe depuis 2018. Elle a l'habitude d'y exposer les œuvres réalisées par des étudiants de l'ESBA, mais aussi par des autodidactes et autres artistes. «Notre dernière exposition date de février 2020 sous le titre ‘‘Lumières d'Algérie''. Depuis, la pandémie liée à la Covid-19 s'est installée dans le pays, et cela nous a grandement pénalisés». Pour elle, le secteur artistique en Algérie est pratiquement inexistant, en ce sens que «nous ne disposons pas d'un marché de l'art et la crise sanitaire n'a fait qu'empirer la situation», souligne la galeriste. Elle affirme avoir fait appel à des artistes qui ont fait un travail qualifié de «remarquable» durant la période du confinement, ce qui l'a encouragée à organiser cette exposition. «J'ai été contactée par Mohamed Boucetta, un jeune et talentueux artiste de ma galerie qui a travaillé sur le thème ‘‘La vie au village en Kabylie''». Et d'ajouter : «J'ai pensé que cela coïnciderait bien avec Yennayer et le thème choisi pour l'exposition. C'est pourquoi j'ai préféré commencer le nouvel an avec un bon présage». La galerie, décorée avec de magnifiques tableaux peints par ses talentueux artistes, a rajouté une autre touche berbère à travers des tapis «Henbel». L'exposition également inclut des produits de poterie réalisés par des membres de la famille Bacha, très connue dans ce domaine. A la question de savoir ce qu'elle pense de l'état du secteur des arts en Algérie, Mme Mihoub estime que l'Etat a essayé de remédier à l'inexistence d'un marché de l'art en Algérie en modifiant la loi fixant les conditions d'obtention de la carte d'artiste. «Pour venir à bout de cette situation, je pense que toute la société doit s'impliquer. Malheureusement, nous n'avons pas eu une formation culturelle, nos enfants non plus», regrette-t-elle. Elle souhaite à ce propos que le ministère de la Culture organise des ateliers pour enfants afin de les initier au domaine des arts, tout en réintégrant l'enseignement des arts dans les établissements scolaires. La responsable de la galerie déplore également le manque de soutien du ministère de la Culture en direction des artistes. Elle dit avoir exposé plus de 120 œuvres, mais le ministère n'en a pratiquement acheté aucune. «Ils prétendent soutenir l'art et la culture mais n'encouragent pas les artistes à produire». Elle regrette également le désintéressement du secteur privé et des entreprises qui, selon elle, apporteraient un énorme soutien aux artistes prometteurs. «En 2019, j'ai exposé les œuvres de 43 étudiants de l'Ecole des beaux-arts sous le thème du ‘‘Fils du peuple'' et qui fut une très belle expérience ayant permis de découvrir beaucoup de jeunes talents. Ces derniers méritent d'être encouragés et les entreprises gagneraient à investir en ces artistes», souligne la galeriste. De nos jours, le public des galeries est composé de vieilles personnes et les jeunes se font de plus en plus rares, à part les étudiants de l'Ecole, les autres sont «complètement indifférents» à l'art, ajoute-t-elle. Pour elle, cela est dû à l'absence d'une éducation artistique durant leur parcours scolaire, contrairement aux jeunes des années 1980. Quant à l'Ecole des Beaux-Arts, selon elle, l'établissement «manque de moyens, mais devrait quand même organiser des salons et des expositions pour mettre en avant les travaux de ses étudiants». «Je tiens à relever cette mauvaise décision qui est d'introduire le LMD dans le système pédagogique. Cela devrait être revu pour préserver à l'établissement son caractère d'Ecole supérieure afin que l'étudiant puisse avoir plus de pratique que de théorie», conclut la galeriste. Advertisements