Ils étaient plus de 400 artisans dans les années 1990, ils ne sont plus qu'une soixantaine aujourd'hui au village Aït Larbaâ, le plus important de la daïra de Ath Yenni. Les dures conditions d'exercice de cette activité ancestrale qui attirait autrefois les touristes par milliers ont contraint les créateurs du célèbre Abzim à délocaliser leurs ateliers et aller vers d'autres villes. Certains ont changé complètement d'activité. Les rares artisans qui sont restés dans la région travaillent, pour la plupart, au noir. La relance de la Fête du bijou, l'été dernier, a donné un brin d'espoir aux bijoutiers qui espéraient reprendre leur production après 10 années de terrorisme qui a réduit leur activité presque à néant. Mais ces artisans doivent faire face à d'autres problèmes relatifs à l'achat de la matière première et à l'écoulement de leur production. Les prix de l'argent, dont l'Etat détient le monopole de sa distribution par le biais d'Agenor, ont flambé en l'espace de trois années. Ils sont passés de 17 000 DA le kilo à 28 000 DA. Le corail se vend au marché informel à des prix allant de 20 000 DA le kilo à 60 000 DA le kilo. La vente du corail est, rappelons-le, interdite par les autorités à cause du pillage qui s'effectue sur les côtes d'El Kala (Annaba), à l'est du pays. Cela est le cas pour l'émail qui sert à la décoration des bijoux. Cette matière est importée de France clandestinement, nous dit-on dans le milieu des bijoutiers qui l'achètent à différents prix. L'émail de couleur jaune est le plus cher, nous dit-on. Il se vend entre 8000 et 12 000 DA le kilo. Les prix de l'émail de couleur bleue et verte oscillent entre 6000 et 8000 DA le kilo. L'organisation des bijoutiers en association professionnelle leur permettra de mieux gérer leur activité, nous explique le directeur du tourisme et de l'artisanat de Tizi Ouzou. « Les artisans organisés en association peuvent surmonter les difficultés liées à l'acquisition des matières première en l'important en toute légalité et avec des prix raisonnables », affirme-t-il. Abordant la question du fisc, le directeur de la chambre de l'artisanat et des métiers déclare que « les artisans peuvent demander aux services des contributions un échéancier pour le paiement de leurs dettes fiscales ».