L'Algérie et la Turquie comptent mettre le maximum d'atouts de leur côté pour bâtir une coopération dense et durable. Pour y parvenir, les deux pays viennent de mettre en chantier un projet de traité de fraternité et d'amitié et prévoient également d'entreprendre des négociations pour créer une zone de libre-échange. L'annonce a été faite, hier, à l'occasion d'une conférence de presse animée conjointement par le ministre des Affaire étrangères, Abdelaziz Belkhadem, et le vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères turc, Abdullah Gul, en visite à Alger depuis samedi. Le projet de traité de fraternité et d'amitié et la zone de libre-échange traduisent la volonté des deux pays de passer du stade des simples échanges commerciaux au stade de la coopération multisectorielle », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères à l'ouverture de la conférence de presse, tenue à la résidence El Mithak. Abdelaziz Belkhadem a ajouté que les perspectives tracées par Alger et Ankara pour leurs relations bilatérales viennent concrétiser les décisions prises par les dirigeants des deux pays, lors de la récente visite du président Bouteflika en Turquie. Un pays, a tenu à souligner le chef de la diplomatie algérienne, avec lequel « notre pays entretient des liens particuliers et avec lequel il veut fonder une relation stratégique, basée sur le long terme ». Le ministre des Affaires étrangères a indiqué, en outre, que la coopération visée par l'Algérie et la Turquie touchera d'innombrables domaines, tels l'économie, le commerce, la culture, la défense, la sécurité et la coopération militaire. Abdelaziz Belkhadem a mentionné que la définition du cadre général du traité de fraternité et d'amitié algéro-turc est d'autant plus aisée que « les deux pays présentent une grande convergence de vues sur les dossiers régionaux et internationaux ». Cela est valable, a précisé le chef de la diplomatie algérienne, autant pour la Palestine, l'Irak, la lutte contre le terrorisme que pour la question chypriote. Et c'est sans doute la singularité des relations algéro-turques qui a décidé les responsables algériens d'associer, avant tout le monde, la Turquie dans la réalisation du plan d'appui à la consolidation de la croissance économique, doté d'une enveloppe de 55 milliards de dollars, annoncé jeudi par le chef de l'Etat. Une décision révélée aussi par M. Belkhadem, en même temps que celle concernant la visite, en septembre prochain, du Premier ministre turc, Tayyip Erdogan. Le vice-Premier ministre turc, Abdullah Gul, a souligné, pour sa part, dans son intervention, « la volonté politique commune » de développer les relations bilatérales dans tous les domaines. Rappelant les liens historiques unissant l'Algérie et la Turquie, Abdullah Gul a qualifié de « prometteurs » les horizons de la coopération algéro-turque. A ce propos, M. Gul a indiqué que la visite du président Bouteflika en Turquie a eu « un grand impact sur la promotion du niveau de coopération et de consolidation des relations entre les deux pays dans tous les domaines ». Des relations, a-t-il dit, déjà importantes et qui, selon lui, seront un atout important pour construire l'avenir. Lors du traditionnel jeu des questions-réponses avec la presse, le responsable turc n'a d'ailleurs pas omis de rappeler le caractère particulier des relations existant entre l'ANP et l'armée turque, appelées à se développer dans les différents domaines (formation, échange d'expériences et d'informations). Au titre particulièrement de la coopération militaire, M. Gul - dont le pays est considéré comme un important membre de l'OTAN - a indiqué que l'évocation du volet militaire dans les relations algéro-turques ne saurait se limiter à une histoire de ventes d'armes. Le diplomate turc répondait à un journaliste qui voulait savoir si la coopération algéro-turque comprendrait également des ventes d'armes. Le vice-Premier ministre turc, qui sortait d'un entretien de cinq heures avec le président de la République, n'a pas hésité lui aussi à parler de « convergence de vues ». Il a révélé que la longue et riche expérience du président Bouteflika sera d'un apport précieux pour le développement de la coopération entre les deux pays. Abdullah Gul a par ailleurs saisi l'opportunité offerte par la tribune de la résidence El Mithak pour infirmer l'existence de tensions entre son pays et les Etats-Unis. Le ministre algérien des Affaires étrangères n'a pas raté, lui non plus, l'occasion de tuer dans l'œuf les rumeurs distillées ces derniers jours par la presse israélienne, annonçant l'enclenchement d'un processus de normalisation entre Alger et Tel-Aviv. « Notre position sur le sujet n'a pas changé depuis le Sommet arabe d'Alger. Il n'y aura de normalisation avec Israël tant que le peuple palestinien n'aura pas un Etat ayant pour capitale El Qods », a indiqué Abdelaziz Belkhadem.