Une association controversée proche de la Turquie a renoncé à demander une subvention municipale pour la nouvelle mosquée de Strasbourg, dans l'est de la France, une affaire qui a enflammé les rapports entre la mairie écologiste et le gouvernement, sur fond de tensions avec Ankara. L'association Millî Görüs a renoncé le 15 avril à sa demande de subvention, a annoncé la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, dans la presse régionale hier, indiquant que la municipalité «ne verserait donc pas en l'état de subvention pour la poursuite de la construction de la mosquée». L'affaire a suscité ces dernières semaines une intense polémique, sur fond de tensions récurrentes entre la France et la Turquie, régulièrement accusée d'ingérence, notamment par le biais d'associations comme Millî Görüs – ce que celle-ci dément. Le 22 mars, le conseil municipal de Strasbourg avait voté le principe d'une subvention de plus de 2,5 millions d'euros destinée au chantier de la mosquée Eyyub Sultan, un énorme projet porté par la Confédération islamique Millî Görüs (CIMG). Ce vote avait suscité une vive réaction du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait reproché à la maire de financer une «ingérence étrangère». Mme Barseghian a, pour sa part, affirmé avoir conditionné cette subvention à l'adhésion des porteurs du projet aux «principes républicains». «Je me réjouis sur le fond que ces deux millions et demi d'euros n'aillent pas financer une association qui promeut l'islam politique», a immédiatement réagi Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté, sur LCI, en accusant la mairie de Strasbourg d'avoir fait preuve de «lâcheté du début à la fin». Pour autant, «je ne pense pas qu'il faille interdire (Millî Görüs)», a déclaré Mme Schiappa, «mais entre ne pas interdire et financer, il y a peut-être une marge». Millî Görüs est dans le collimateur du gouvernement français depuis qu'elle a refusé de signer en janvier la charte de l'islam de France, qui clame la «compatibilité» de l'islam avec la République et rejette les «courants extrémistes». Le texte s'inscrit dans le contexte de la loi contre le séparatisme islamiste voulue par Emmanuel Macron, qui a suscité une violente réaction du président turc, accusant son homologue français d'être antimusulman. «Je n'ai jamais été alertée par l'Etat quant au risque d'atteinte aux principes républicains et à la sécurité nationale par l'association porteuse du projet», a réaffirmé Jeanne Barseghian dans sa lettre aux Strasbourgeois. Et de s'interroger une nouvelle fois sur «le fait que l'Etat entretienne lui-même des relations avec la même association, via différentes subventions et partenariats». Advertisements