A Gué de Constantine, toute une fraction de la ville est devenue par la force des choses un marché de gros pour les produits alimentaires. Cette situation incommode les habitants qui subissent quotidiennement les désagréments qui émanent de ces commerces. D'un lotissement consacré exclusivement aux habitations, le lieu s'est mû en un gigantesque marché qui brasse des milliards. Loin de répondre aux normes de sécurité et d'hygiène appliquées pour les espaces commerciaux, le marché de gros de Gué de Constantine est une anomalie dans l'agglomération. La décision de délocaliser ces commerces dans deux nouvelles structures se trouvant à Boumati dans la commune d'El Harrach et à Kharouba dans la commune de Boudouaou, tel que proposé par l'UGCAA (Union générale des commerçants et artisans algériens) n'a toujours pas trouvé un terrain d'application. Pour rappel, le marché de Boumati compte 112 carreaux. Celui de Kharouba dont les travaux sont totalement finis compte 549 carreaux. Ces deux marchés conviennent parfaitement pour ce genre d'activité commerciale qui requiert des normes appropriées. Cependant, les autorités tardent à délocaliser le marché. «Un lobby influent fait tout pour empêcher la délocalisation du marché. Il tente de maintenir la situation telle quelle, afin d'assurer la pérennité de leurs privilèges. Délocaliser le marché de Gué de Constantine à Kharouba dans la wilaya de Boumerdès constitue une grande perte pour ces commerçants. S'ajoute à cela que quelque 200 commerçants exerçant dans ce marché n'ont pas de registre de commerce, mais ne sont paradoxalement pas inquiétés. S'ils viennent à quitter le marché pour celui de Kharouba, ils doivent présenter les documents les confortant dans leur position de commerçants légaux. Chose qu'ils ne peuvent pas faire, alors il essayent de maintenir la situation telle quelle», confie un habitant de Gué de Constantine. Dans ce royaume du commerce informel, des entrepôts situés dans les rez-de-chaussée de constructions grossières, sont loués à prix fort. «Les prix de la location atteignent des sommets. Pas moins de 500 000 DA par mois», affirme notre source. Derrière de volumineuses et lourdes portes métalliques s'entassent des marchandises importées de tous les continents. A proximité des locaux, patientent des clients venus des quatre coins de l'Algérie. Le marché est considéré comme le plus grand espace commercial consacré à la vente en gros de produits alimentaires de large consommation. Dans ce lotissement tentaculaire, les grossistes s'y sont installés à la fin des années 1990. L'APC a attribué des lots de terrain pour la construction d'habitations. Cependant, le quartier à vite changé de vocation. Il s'est mu en l'espace de quelques années seulement en un grand marché, où sont écoulés des tonnes de marchandises et où sont brassés des sommes faramineuses. Tout cela en l'absence d'un contrôle fiscal à même de réduire les fraudes. Advertisements