Un marché de gros qui ne répond à aucune norme, qui plus est se trouve à l'intérieur de l'agglomération. Agué de Constantine (Semmar), dans la commune de Aïn Naâdja, quelque 700 commerçants de gros continuent d'exercer leur activité en dépit de tous les désagréments causés au voisinage. Cette fraction de la ville, devenue par la force des choses un marché de gros pour les produits alimentaires, est loin de répondre aux normes de sécurité et d'hygiène appliquées dans le monde. D'après M. Boulenouar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), «nous avons fait plusieurs tentatives pour délocaliser ce marché, qui n'en est, en vérité, pas un. Mais nos démarches sont restées vaines. Les commerçants continuent d'exercer leur activité dans l'anarchie et le désordre.» La décision de délocaliser ces commerces dans deux nouvelles structures se trouvant à Boumati, dans la commune d'El Harrach, et à Kharouba, dans la commune de Boudouaou, tel que proposé par l'Ugcaa, n'a toujours pas trouvé un terrain d'application. «Le marché de Boumati compte 112 carreaux. Celui de Kharouba est fini à hauteur de 60% et compte 549 carreaux. Ces deux marchés conviennent parfaitement pour ce genre d'activité commerciale qui requiert des normes», assure M. Boulenouar. «Le nombre de carreaux est suffisant pour accueillir tous les commerçants, sauf ceux qui exercent dans l'illégalité et qui sont quelque 200 et n'ont pas de registre du commerce, mais ne sont paradoxalement guère inquiétés», ajoute-t-il. Un marché qui ne répond pas aux normes Dans ce royaume du commerce informel, des entrepôts situés dans les rez-de-chaussée de constructions grossières sont loués à des prix forts. «Les prix de la location atteignent des sommets. Pas moins 300 000 DA par mois», affirme M. Boulenouar. Derrière de volumineuses et lourdes portes métalliques s'entassent des marchandises importées de tous les continents. A proximité des locaux, des clients venus des quatre coins du pays patientent. Le marché est considéré comme le plus grand espace commercial consacré à la vente en gros de produits alimentaires de large consommation. Dans ce lotissement tentaculaire, les grossistes s'y sont installés à la fin des années 1990. L'APC a attribué des lots de terrain pour la construction d'habitations. Cependant, le quartier a vite changé de vocation. Il s'est mu en l'espace de quelques années seulement en un grand marché, où sont écoulées des tonnes de marchandises, et où sont brassées des sommes faramineuses. Tout cela en l'absence d'un contrôle fiscal à même de réduire les fraudes, car la majorité des transactions sont effectuées en dehors du circuit légal. «L'absence de factures et la non-utilisation de chèques sont des pratiques courantes. Les commerçants qui exercent dans ce marché ne respectent pas la réglementation», confie un commerçant qui a requis l'anonymat. Les importateurs et les producteurs locaux ont offert aux habitants du lotissement, à l'origine modestes et démunis, la possibilité de donner en location les dépôts qu'ils ont construits. Rapidement, le lieu est devenu le temple d'une activité commerciale intense et florissante. «Le lotissement ne se prête guère pour une telle activité. Au départ, le quartier était consacré aux habitations et non à l'activité commerciale», soutient un habitant. Signalons que les travaux de réalisation du marché de gros de Kharouba sont complètement achevés et ce dernier est fin prêt pour accueillir les commerçants. «Qu'attendent les autorités pour appliquer cette mesure ?» déplorent les habitants de la localité de Gué de Constantine. Les lenteurs dans l'application de la décision de délocalisation sont causées par les commerçants eux-mêmes qui ne veulent pas rejoindre les nouvelles structures. «Les nouveaux locaux qu'on nous propose sont de superficie réduite», affirment-ils. Cependant, là où ils exercent actuellement, aucune norme d'hygiène et de sécurité n'est respectée. «En cas d'incendie, le marché va brûler comme une botte de foin. Les locaux sont trop près les uns des autres et aucun dispositif de lutte contre les incendies n'a été installé», avoue un commerçant.