L 'Allemagne tiendra conjointement avec les Nations unies une conférence consacrée à la Libye le 23 juin à Berlin. C'est ce qu'a annoncé hier le ministère allemand des Affaires étrangères, cité par l'agence Reuters. Le gouvernement intérimaire libyen participera pour la première fois aux pourparlers, lancés à Berlin lors d'une conférence inaugurale en janvier 2020, a précisé un porte-parole du ministère dans un communiqué. Dirigé par Abdelhamid Dbeibah, le nouveau gouvernement libyen d'union nationale devant conduire la Libye aux élections présidentielle et législatives en fin d'année, est entré en fonction le 15 mars, après des années de divisions marquées par l'existence de deux administrations parallèles dans l'ouest et l'est du pays. Le nouveau Premier ministre est confronté à de nombreux écueils qu'il doit franchir pour affirmer sa légitimité et son autorité auprès des différents acteurs politiques et milices. Entre-temps, il est impérieux d'atténuer, du moins, la grogne sociale générée par la dure réalité quotidienne : coupures de courant, pénuries de liquidités et inflation, corruption et pandémie de coronavirus. Comme il est impératif de dénouer la question de la répartition des revenus pétroliers, un des points de discorde entre l'Est et l'Ouest. Par ailleurs, le démantèlement des milices constitue une étape importante pour asseoir la sécurité et la stabilité du pays. En 2015-2016, nommé au terme d'un processus onusien, le chef du GNA, Fayez Al Sarraj, a mis plusieurs mois avant de pouvoir rejoindre, par la mer depuis la Tunisie, faute de contrôler les airs, Tripoli. S'il est parvenu à obtenir progressivement le ralliement de nombreuses milices, il n'a jamais pu imposer son autorité auprès de l'ensemble des forces politiques et militaires du pays. Défis Autres questions à gérer : les ingérences étrangères (Turquie, Egypte, Emirats arabes unis, Russie et des Occidentaux, entre autres) et le départ des 20 000 mercenaires et combattants étrangers stationnés en Libye, selon les estimations de l'Organisation des Nations unies (ONU). En septembre, l'Union européenne (UE) a sanctionné trois entreprises, dont une société turque, et deux Libyens impliqués dans des violations de l'embargo sur les ventes d'armements imposé à la Libye par les Nations unies, selon des diplomates à Bruxelles. Les deux autres sociétés sanctionnées sont jordanienne et kazakhe, selon ces sources. Des preuves probantes ont été constituées contre les sociétés et les personnes sanctionnées. Leurs avoirs dans l'UE seront gelés et elles ne pourront plus avoir de relations avec les entreprises de l'UE, ni avoir accès aux marchés financiers européens. Bruxelles a mis en place une opération navale, «Irini», chargée de contrôler le respect de l'embargo de l'Onu. Elle a permis de «documenter» de nombreuses violations de l'embargo commises par la Turquie, ont indiqué les diplomates. Ces violations «minent le processus politique engagé pour mettre un terme au conflit en Libye», explique-t-on à Bruxelles. Les preuves de ces violations sont transmises à l'Onu, qui peut aussi décider de sanctions. La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Al Gueddafi en 2011. Deux autorités s'y sont disputées le pouvoir ces dernières années : à l'Ouest, le gouvernement d'union nationale (GNA) à Tripoli, reconnu par l'ONU, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar, basé à l'Est. Après l'échec d'une offensive lancée par Haftar en avril 2019 pour conquérir Tripoli, les deux camps ont conclu un cessez-le-feu en octobre et retrouvé le chemin du dialogue, sous l'égide des Nations unies. Advertisements