La journée d'étude sur la désertification et la sécheresse, organisée au niveau du siège du Parc national du Djurdjura, a permis d'attirer l'attention sur un phénomène qui s'est amplifié depuis quelques années. Bouira est l'une des wilayas du nord du pays exposée à la menace de la désertification. Pourtant, son point le plus éloigné au Sud, en l'occurrence la commune de Hadjera Zarga, est à moins de 100 km de la mer Méditerranée à vol d'oiseau. C'est ce qu'a révélé Amar Nait Messaoud, expert forestier à la Conservation des forêts de Bouira, lors d'une journée d'étude sur la désertification et la sécheresse, tenue jeudi passé au niveau du siège du Parc national du Djurdjura (PND). Ont pris part à l'événement l'Institut national des recherches forestières, le Centre du développement de compétences et d'innovation, le Groupe de génie rural, l'université Akli Mohand Oulhadj et autres organismes. Le conférencier a tenu à préciser que la désertification ne signifie pas uniquement l'avancée du sable du désert. «La perte des matières organiques et la perte des parties du sol à cause de l'érosion, d'après les calculs des pédologues, il faut 500 ans pour reconstituer 2,5 centimètres de sol, alors que pour perdre cette couche, il suffit de quelques années, voire moins. La désertification n'est pas seulement l'avancée du désert, c'est une dégradation in situ, c'est-à-dire, c'est le sol qui subit une dégradation», a-t-il expliqué. Et parmi les facteurs contribuant à la désertification figurent en premier lieu les incendies de forêt. Chaque année, des centaines d'hectares partent en fumée dans les quatre coins de la wilaya. Le phénomène s'est gravement amplifié durant la dernière décennie. L'expert forestier a évoqué aussi le surpâturage et l'élevage intensif d'ovins qui sont les causes principales de la désertification dans la steppe. D'autres facteurs non négligeables, à l'instar des coupes abusives du bois, le défrichement illicite, les labours illicites de la steppe, l'urbanisation anarchique, en sont aussi responsables. Les impacts environnementaux et socioéconomiques de la désertification sont énormes. Le conférencier a énuméré plusieurs, dont l'accélération du processus érosif, la perte de la valeur agrologique du sol, la baisse des revenus, pertes d'emplois et exode rural, menaces d'inondations et risque d'éboulements et glissement de terrains. Même l'esthétique paysagère se dégrade avec la désertification. A Bouira, c'est la zone sud composée des communes de Dechmia, Ridane, Sour El Ghozlane, Maâmoura, Dirah, Hadjera Zerga, El Hakimia, Bordj Oukhris, Taguedit et Mesdour qui sont les plus touchées par le phénomène. Afin de lutter contre cette calamité dans la wilaya de Bouira, les pouvoirs publics ont intégré ladite zone dans le programme du Barrage Vert, et c'est à partir de la deuxième moitié des années 1980 que les travaux ont été entamés. La superficie visée dans le schéma initial était de 46 547 ha. Plus tard, elle a été portée à 68 000 ha. Toujours au sud de la wilaya, un programme d'une ceinture oléicole de 912 ha a vu le jour en 2012 et dont la réalisation a été confiée au Haut commissariat au développement de la steppe. Les résultats obtenus jusqu'ici sont encourageants. Une grande partie des oliveraies est entrée en production. La zone sud a bénéficié aussi de plusieurs autres programmes dont l'aménagement et l'ouverture de centaines de kilomètres de pistes, la réalisation d'ouvrages hydrauliques, gabionnage, électrification rurale, etc. Par ailleurs, la désertification semble gagner du terrain même au nord de la wilaya. Des plantes steppiques ont été observées sur le massif des Bibans dans les communes d'Ath Mansour, Ahnif et Ath Rached. «Il faut mener une étude de diagnostic pour savoir s'il s'agit vraiment de désertification. Si les résultats sont positifs, la zone doit être intégrée dans le périmètre du barrage vert», dira M. Nait Messaoud. Advertisements