Le manque d'eau potable est une source de préoccupation quotidienne dans la commune d'Ighram. C'est l'éternel recommencement, tant il est vrai que l'on n'arrive pas à s'extraire de la spirale infernale, marquée par une alternance de coupures et de rationnement. Crise d'eau oblige, ce régime est imposé à tout le monde. «Notre commune est desservie à raison d'une seule fois par semaine, par une seule chaîne AEP qui date de plusieurs décennies, conçue au départ pour n'alimenter que cinq villages», informe Madjid Hamidouche, le premier magistrat de la commune, qui signale au passage l'état de vétusté très avancé de cet équipement. «A chaque fois qu'il y a une panne quelconque, nous mettons beaucoup de temps pour rétablir l'alimentation d'eau et revenir à une situation normale», relève-t-il. La commune d'Ighram a bénéficié au cours de ces dernières années d'ouvrages de mobilisation et d'adduction à dessein d'imprimer un saut qualitatif au service public d'eau. Néanmoins, leur concrétisation se fait attendre. «Une deuxième chaîne d'adduction est en cours de réalisation. Le taux d'avancement du chantier est à près de 80%. Nous avons aussi bénéficié de l'inscription d'un nouveau forage hydraulique, dont les travaux n'ont pas encore été lancés à ce jour», souligne l'édile communal. Ighram est aussi retenue pour être raccordée au réseau du barrage de Tichi Haf, nous apprend un responsable de la direction des ressources en eau, mais le projet de transfert traîne en longueur. En attendant, les villageois n'ont d'autre alternative que le système D, pour se tirer d'affaire et étancher leur soif. «Depuis toujours, nous vivons au rythme de la corvée permanente d'eau. Autant dire l'enfer au quotidien, surtout en ces temps de canicule. Concernant l'eau du réseau public, nous ne pouvons pas nous satisfaire d'un lâcher hebdomadaire qui ne comble même pas la moitié de nos besoins», déplore un retraité du village Taslent. Un père de famille du village Tighilt Makhlouf soutient que les foyers ne sont pas desservis avec la même fréquence. «Il y a une disparité manifeste entre villages, et même entre quartiers d'un même village. Les foyers privilégiés reçoivent l'eau une fois tous les sept à huit jours avec un fort débit, alors que les habitations désavantagées doivent patienter une dizaine de jours, voire plus, pour voir le précieux liquide couler de leurs robinets. Et ce n'est pas toujours la faute à la gravitation», clame-t-il. Certains villageois affirment aller chercher l'eau très loin de chez eux, ou se la procurent à titre onéreux. «Les villages qui disposent de fontaines publiques sont chanceux. Pour les autres, soit ils s'approvisionnent à des kilomètres à la ronde, ou alors ils achètent de l'eau de source chez les vendeurs ambulants», dira un citoyen du village Tizi Maâli. Advertisements