La commune d'Ighram est aux prises avec un exode massif de sa population. Une véritable saignée qui a transformé au fil des ans nombre de localités enclavées en quasi no man's land. Les chiffres obtenus auprès des services de la municipalité se passent de tout commentaire. Alors que la commune totalisait 17 000 habitants en 1998, elle n'en comptait plus que 12 000 à l'occasion du RGPH d'avril 2008, soit une baisse de près de 30% de sa démographie. «Quand vous n'avez ni gaz, ni route, ni école, vous n'avez pas d'autre alternative que de plier bagage», nous explique Mr. Ibaliden, le premier magistrat de la commune. Ait Amar Ouzeggane, un village martyr, illustre de manière désarmante ce mouvement inéluctable vers les agglomérations urbaines. En effet, ils ne sont plus qu'une poignée de campagnards à continuer à s'accrocher vaille que vaille à leur crête. «Il n'y a plus que des retraités et les gens qui n'ont pas de point de chute en ville qui résistent à l'idée de partir», témoigne un quadragénaire du village, l'esprit de clocher manifeste. Des citoyens rencontrés au niveau du chef-lieu communal nous apprennent que tous les villages d'Ighram sont, peu ou prou, touchés par ce phénomène d'exode. «La vie est devenue très rude dans ces contrées déshéritées. Quand vous résidez à 15 km de l'hôpital le plus proche, à 30 km de votre lieu de travail et que vous devez, en sus, endurer les tracasseries liées au transport, vous ne pourriez pas tenir longtemps», raconte Mohamed, originaire du village Azzouna et installé depuis une décennie à Akbou. «Si les pouvoirs publics ne font rien pour garantir des conditions de vie décentes dans la zone rurale, l'exode se poursuivra implacablement et des villages comme Tizi Maâli, Taslent ou encore Tighilt Makhlouf vont progressivement se muer en lieux fantômes», conjecture un vieillard d'Ighram. Une affaire de survie en somme que ni l'air vivifiant de la montagne ni le calme rédempteur de la campagne ne peuvent assurer. Le budget alloué à la commune d'Ighram dans le cadre de l'exercice 2010 du plan communal de développement (PCD), s'élève à 30 millions de dinars. «C'est largement insuffisant pour rattraper les retards accumulés», estime le P/APC qui relève, au passage, la révision à la baisse du montant de ce budget par rapport à l'exercice écoulé et qui avait atteint 35 millions de dinars. Pour l'exercice courant, la priorité est accordée à la réfection du réseau routier. «Nous avons voulu sauvegarder cette part de budget alloué pour ce domaine», explique le PA/PC en précisant que près de 80 % de l'enveloppe financière lui sera consacrée. Les opérations projetées concernent, selon l'édile, l'aménagement de fossés bétonnés sur un tronçon de la route faisant jonction entre les villages Taslent et Tighilt Makhlouf, le bitumage du chemin communal reliant la localité d'Irsen au village Ighil Nacer ainsi que le revêtement de certaines pistes. Il est, par ailleurs, prévu le bétonnage des ruelles du village Tizi Maâli. Pour sa part, l'alimentation en eau potable a bénéficié d'une seule opération en rapport avec la réfection de la conduite desservant les villages El Mechta et Tazaghart.