Les incendies les plus meurtriers de l'histoire de l'Algérie – au bilan macabre très lourd – ont fait jaillir une chose essentielle : le peuple algérien a fait preuve d'une formidable solidarité et fraternité face à un enfer d'une ampleur incroyable. Une solidarité qui a permis d'éteindre des feux et d'être au chevet des blessés et des sinistrés. La solidarité a été aussi internationale et elle est absolument à saluer. Les pays comme la France et l'Espagne ont déployé des moyens aériens d'extinction des feux. En attendant que la justice fasse son travail dans la sérénité, le pays a besoin de fraternité pour faire barrage à la haine et à la discorde. Ces incendies ont surtout mis en évidence une urgence : le pays a besoin d'une stratégie sérieuse de prévention pour faire face à la menace croissante d'incendies de forêt sur le long terme. Cette situation d'extrême urgence nécessite de grandes mesures à la hauteur du drame. La première urgence est l'achat d'une large flotte aérienne à l'image de Canadair performants, capables de dompter les gigantesques flammes. Les quantités d'eau nécessaires pour circonscrire les flammes étant très importantes, l'autre levier repose sur la mise en place d'un vaste réseau de bassins de confinement des eaux, de nouveaux plans d'eau et des stations de pompage sur les reliefs forestiers. A moyen terme, les experts recommandent d'adapter nos systèmes forestiers, par exemple, à travers la sylviculture, en intégrant des espèces d'arbres moins sensibles au feu dans les zones à risques, spécialement près des centres urbains, comme le chêne et les figuiers de Barbarie moins vulnérables aux flammes. Les mesures qui s'imposent à moyen et court termes concernent aussi la sensibilisation, la formation et la communication sur les incendies de forêt. Les gestionnaires du domaine forestier doivent dispenser au public une éducation environnementale, une information en temps réel sur le danger du feu et la prévention des comportements à risque. La prévision du danger de départ d'incendie de forêt à court terme se révèle être une activité très importante. Les directions locales des forêts sont responsables de l'évaluation du danger et de l'alerte à l'échelle régionale. Ces directions doivent mettre en place un portail numérique, sur lequel le danger d'incendie est visualisé et actualisé en temps réel selon une échelle de risque. Une attention particulière doit été accordée à l'analyse de l'interface forêt-habitat. Cette approche permet d'identifier facilement les zones à plus haute probabilité de départ de feu d'origine anthropique. A long terme, c'est surtout dans la lutte contre les changements climatiques que la communauté internationale doit être active afin de limiter les conséquences des extrêmes météorologiques. Selon les experts de l'environnement, le dérèglement climatique, qui a amplifié les périodes de sécheresse, expose toutes les régions du monde aux feux de forêt. Les périodes potentiellement dangereuses pour les incendies vont devenir plus nombreuses partout dans le monde. Advertisements