Les habitants de deux immeubles longeant la rue Majid Lazrague, juste en face de l'école El Irchad, au centre-ville de Skikda vivent désormais dans le risque. Un risque réel et patent qu'il serait urgent de considérer et de pallier avant que le tout s'écroule. Au n°13 de la rue Lazregue, le parterre de la cuisine d'un appartement situé au premier étage s'est carrément écroulé pour venir vider ses ruines sur le hall de l'immeuble. «Dieu merci, ce jour-là (samedi, ndlr) il n'y avait personne dans ce hall, d'habitude grouillant de bambins», témoigne un jeune du quartier. A travers le trou de plus de deux mètres carrés laissé par la chute, on aperçoit ce qui reste dans la cuisine du premier étage. «Les responsables de l'OPGI sont au courant de la situation de cette bâtisse. On n'a cessé de signaler le danger qui nous entoure, mais ces responsables se sont contentés d'installer des cales en fer pour, soi-disant, fixer les plafonds du rez-de-chaussée. Aujourd'hui, voilà où nous en sommes», poursuit notre interlocuteur. Non loin de cet immeuble, et à quelques mètres seulement, un autre drame, plus effrayant se jouait dans une autre bâtisse. Là aussi, le sol d'un appartement du rez-de-chaussée s'est affaissé et s'est effondré sur un petit F1 du sous-sol. «Les fracas de l'effondrement ont engendré un mouvement de panique parmi les voisins. Même les habitants du quartier ont accouru voir ce qui se passait», témoigne la locatrice de l'appartement du rez-de-chaussée. Au F1 du dessous, l'unique pièce est aujourd'hui inhabitable. D'impressionnants gravats laissés par l'effondrement occupent désormais l'espace. Les membres des deux familles, dont les demeures sont désormais communicantes, partagent le même sentiment de peur, tout comme leurs enfants aux regards désorientés. «Cet effondrement était prévisible. Le sol de mon appartement ne cessait de bouger et d'importantes craquelures étaient apparues. Tout le monde était au courant de notre situation. Le mois de juin dernier seulement et suite à nos réclamations, des gens de l'OPGI et du CTC étaient venus. Ils ont pris des photos et sont partis. On ne nous a communiqué aucune information quant aux suites qu'ils allaient réserver à notre cas», témoigne la locatrice de l'appartement du dessus. Aujourd'hui, ces habitants ont peur. «Pour vous dire, les habitants ne peuvent même pas utiliser les sanitaires de peur d'envenimer l'état des lieux. Depuis samedi, ils se sont retrouvés contraints de recourir aux vespasiennes du Cour de la révolution, situé non loin du quartier pour soulager leurs enfants», rajoute Sidou Khacha, le neveu de l'une des locatrices. Notre présence ne tarda pas à encourager les autres locataires de l'immeuble à vider leurs sacs. Ceux qui partagent les minuscules appartements du sous-sol évoquent l'état d'insalubrité qui les mine. «Nous côtoyons les rats et respirons les eaux usées. Il arrive des fois que les travailleurs de l'ONA nous prennent en pitié et viennent de temps à autre assainir la situation», témoigne une mère de famille. Voilà où en est Skikda aujourd'hui. Voilà qu'elle continue de perdre, de jour en jour, quelques mètres de son âme dans un silence assourdissant. Un silence complice. Voilà que se poursuit la mise à mort d'une ville, comme si on s'est juré de tout entreprendre pour la faire disparaître. Advertisements