La soif étreint les villages et hameaux de la commune de Tamokra. La population ne sait plus à quel saint se vouer pour maintenir à flots ses réserves d'eau. L'espoir soulevé par le raccordement à l'eau du barrage de Tichi Haf a tourné à la désillusion. Les forages hydrauliques implantés sur le lit majeur de Oued Sahel, et à partir desquels on approvisionnait Tamokra, ont été abandonnés voilà plusieurs années, suite à leur colmatage. L'alternative de Tichi Haf devait suppléer cette défection en étanchant la soif des habitants. Il n'en fut rien. Cette situation perdure à ce jour, sans qu'aucune esquisse de solution ne soit proposée. «Ils ont remplacé l'eau souterraine par une eau de surface, de moindre qualité et avec des débits et des plages de distribution nettement plus réduits», relève, non sans dépit, un vieillard du village Bicher. D'après des témoignages de citoyens, corroborés par les responsables de l'APC, l'eau ne coule des robinets qu'à raison d'une fois par semaine en général. Et encore, «la tranche horaire de distribution dépasse rarement 3 heures, avec une faible pression. Nous avons à peine le temps de remplir nos ustensiles», rapporte un habitant de Boutouab. «Il y a une répartition inéquitable de l'eau, mais tout le monde se plaint de l'irrégularité de la desserte et des pénuries à répétition», ajoute-t-il. Les foyers situés bout de réseau et sur des points surélevés sont plus sévèrement touchés par le manque d'eau, indique-t-on. «Il faut attendre que les voisins d'en bas daignent fermer leurs robinets pour voir l'eau couler sobrement dans nos foyers. C'est un calvaire au quotidien. Heureusement que beaucoup de gens ont le sens de la mesure et font preuve de rationalité, ce qui permet à tous de jouir de cette manne précieuse et gratuite», dira un quadragénaire résidant à la périphérie du chef-lieu communal. Néanmoins, d'aucuns n'ont pas manqué de pointer le revers de la médaille de cette gratuité. «Tout ce qui est gratuit est forcément gaspillé. Si la raison est souvent de mise, il y a des comportements qui confinent à l'absurde, comme celui qui consiste à faire pousser des légumes ou à irriguer un verger, pendant que d'autres n'ont pas une goutte d'eau pour étancher leur soif», dénonce un jeune père de famille. Tout en confirmant le gaspillage de la ressource à travers plusieurs localités, un responsable de la municipalité signale des fuites d'eau en cours de chemin. «La vétusté de notre réseau AEP, vieux de plus de 30 ans, occasionne des pertes considérables. Une proportion importante de l'eau mobilisée n'arrive pas à destination. Au chef-lieu communal, où il y a une concentration démographique importante, un nouveau réseau a été installé depuis 4 ans dans le cadre des programme sectoriels, mais il reste inexploité à ce jour», déplore-t-il. Advertisements