Afin de pouvoir évaluer le niveau de gestion intégrée des ressources en eau d'un pays ou d'une région vitale, «un certain nombre d›indicateurs permettent d›estimer le caractère de développement de ses infrastructures hydrauliques au regard de sa situation socio-économique», assure M. Dakiche. Le premier indicateur est l'indice de gestion et d'exploitation qui représente, selon l'expert, le taux des ressources mobilisées pour des besoins d'un pays par rapport aux apports naturels mobilisables. Il faut savoir que cette proportion est très faible pour les pays très «arrosés» (1 à 5% en Europe) et peut atteindre près de 90-100% pour les régions au climat aride dont l'irrigation en consomme la quasi-totalité des ressources comme c'est le cas du Soudan ou l'Egypte. Certains pays en consomment plus que leurs ressources disponibles, même leurs réserves non renouvelables (régions sahariennes). «Comme pour toute la région de la rive sud de la méditerranée, l'Algérie consomme à peine le tiers de ses potentialités disponibles, mais ce chiffre à tendance à augmenter si l'on se réfère aux différentes modalités d'exploitation d'autres ressources non conventionnelles», affirme M. Dakiche. Précisant qu'il est tout à fait admis que lorsque cet indice dépasse les 20-25%, la mobilisation des ressources en eau implique des investissements plus conséquents dont l'impact est sensible dans l'économie nationale. Le second indicateur est le volume annuel d'eau disponible des ressources naturelles par habitant qui permet également d'établir des conditions de développement d'une région à l'autre sur le plan socio-économique. «D'ailleurs, on estime que l'Algérie atteint le ''seuil de pauvreté'' comme pour les pays de la région, mais pas le ''seuil de pénurie'' qui, lui, est fixé à moins de 500 m3/habitant/an», explique M. Dakiche. Précisant que compte tenu des investissements et dépenses alloués par l'Etat en cette matière, le pays peut être doté des moyens techniques et scientifiques pour conserver son équilibre régional en eau, moyennant en effet une gestion stratégique de rigueur. Et enfin, le troisième indicateur est le degré «d'indépendance» des pays en fonction de la proportion des ressources naturelles transfrontalières, généralement d'origine externe dans le bilan hydrologique aussi bien pour les eaux de surface que pour les eaux souterraines. «Ces aspects d'exploitation relèvent assez souvent des territoires qui font l'objet de conflits inter-ethniques, voire entre des régions internationales où les conditions socioéconomiques semblent être compromises, comme c'est le cas de l'Egypte dont 95-98% de ses ressources proviennent d'un apport ''extérieur'', en l'occurrence le Nil, de l'Iraq (65%) ou des Pays-Bas (90%)», explique le spécialiste. Ce dernier affirme néanmoins que l'Algérie dispose pour sa part d'un niveau d'indépendance tout à fait appréciable, puisque seulement 2 à 3% de ses ressources proviennent d'autres pays.
En chiffres Partant du principe que le pays est situé dans une région semi-aride, la pluviométrie annuelle varie d'Ouest en Est de 250 à 1500 mm/an, donnant une moyenne de l'ordre de 350 mm pour le nord du pays de superficie de 300 000 km. Les potentialités moyennes annuelles en eau avoisinent une vingtaine de milliards de mètres cubes dont presque deux tiers, en périodes plus ou moins humides, relèvent des apports superficiels, et l'autre tiers des ressources souterraines. Les ressources non conventionnelles (eaux usées épurées et dessalement d'eau de mer), elles, sont estimées à moins de 1,5 milliard par an. Advertisements