Le célèbre chanteur de raï Mazouzi Mohamed Ghanem, connu du grand public sous son nom d'artiste «Cheikh Mazouzi», nous a quittés jeudi dernier à Oran, à la grande stupéfaction de ses admirateurs. Agé de la soixantaine, son enterrement était prévu hier à Oran. Dès que l'annonce de son décès a été divulguée sur les réseaux sociaux, les hommages n'ont pas cessé de pleuvoir pour cet homme qui a, des décennies durant, bercé les mélomanes algériens par ses chansons raï qui se voulaient authentiques, celles de la première génération des raïmen, et se distinguaient de toutes les autres. Certains de ceux qui l'ont côtoyé de près, joints hier par téléphone, ont tenu à saluer la mémoire de cet homme qui avait l'habitude, durant les années 1990, de se produire très régulièrement dans la commune balnéaire de Aïn El Turck, dans un hôtel de la place Echems, et où, pour ne pas rater sa prestation, les nombreux fans n'hésitaient pas à venir de partout et à réserver une chambre dans cet hôtel et dans ceux environnants rien que pour assister à son concert. Ses succès étaient mirobolants, au point que l'enregistrement de ses nouvelles chansons se faisait «en live». «Il mettait tant d''ambiance dans les soirées qu'il animait que les producteurs se contentaient de les enregistrer en direct, puis de les transcrire sur K7 audio et les mettre sur le marché. Quelque part, il était le précurseur des live. D'ailleurs, si je ne me trompe, sa première K7 était composée de morceaux chantés en live», nous dit Mourad Senouci, qui l'avait côtoyé ces années-là. C'était aussi un chanteur qui n'avait pas besoin d'opulences pour assurer une soirée bien comme il faut. Il lui suffisait de peu pour enchanter son public, sans besoin d'un grand orchestre «m'as-tu-vu» pour l'accompagner : la présence avec lui sur scène d'un accordéoniste ou d'un percussionniste pouvait faire l'affaire. Bien que Cheikh Mazouzi ait décidé, il y a quelque temps, de mettre un terme à sa carrière, cela n'a pas empêché son public, tout en respectant son choix, de continuer, encore et toujours, à lui vouer une admiration et une affection sans bornes ; de même que ce public, au fil des ans, n'a eu de cesse à davantage grossir, à mesure que les jeunes d'à peine 20 ans, ceux qui ne l'ont jamais vu chanter sur scène, se sont mis à l'aimer en découvrant ses chansons sur YouTube. D'une manière générale, on peut dire que l'Algérie a perdu, ce jeudi, en la personne de Cheikh Mazouzi, un artiste hors pair qui a bercé des générations entières d'Algériens par des chansons telles que Ke tkouni maaya, Baghi nchoufha ma rahiche tbane, Ya ben sidi ou ya khouya et bien d'autres encore. Adieu l'artiste ! Advertisements