La cérémonie de dénomination a été présidée par le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, en présence des autorités de la wilaya, et ce, dans le cadre des festivités marquant la célébration de la Journée nationale du chahid (18 février de chaque année). Blaoui Houari, comme Ahmed Wahby, est l'un des fondateurs du genre musical oranais moderne qui a fait son apparition dans les années 1940. Pour de nombreux artistes, Blaoui a réinventé la musique bédouie, s'inspirant des grands artistes du monde arabe et, en la modernisant, il en a fait un genre à part entière. Doué pour les instruments, il jouait du piano, de la guitare, de la mandoline et fut, selon Baroudi Benkhedda, le premier accordéoniste maghrébin. Il avait enregistré son premier 45 tours au début des années 1940 et était devenu, après le recouvrement de l'indépendance nationale, le chef d'orchestre de la station régionale d'Oran de la RTA. Blaoui Houari a édité une centaine de disques et plus de 900 de ses chansons enregistrées à la RTA y sont conservées. Son répertoire a influencé de nombreux artistes, dont les précurseurs du raï, qui s'est exporté dans le monde entier. Il avait adapté un très grand nombre de textes de chanteurs ou poètes traditionnels oranais, tels que Cheikh Abdelkader Khaldi, auteur du poème Bakhta, dont Cheb Khaled fera un succès planétaire. Blaoui Houari est l'un des repères d'Oran, voire un monument. Il a donné à la chanson oranaise une poussée formidable qui a fait sa célébrité non seulement en Algérie, mais dans tout le Maghreb et dans le monde, a indiqué à l'APS Toumouh Abdallah, poète et parolier connu sur la place d'Oran. Il a beaucoup collaboré avec Blaoui qui, dit-il, «était un compositeur, un interprète, un chef d'orchestre et un musicien très doué. Il a donné à la chanson oranaise toute sa dimension. Elle lui doit sa consécration», soulignant que le défunt artiste était, sur le plan humain, «très réservé et d'une grande probité». «Baptiser l'école de musique d'Oran de son nom est une bonne initiative. Il mérite davantage», a-t-il soutenu. Les chansons de Blaoui ont, pendant de longues années, bercé plusieurs générations de mélomanes et d'artistes comme Baroudi Benkhedda, qui a interprété magistralement, à plusieurs reprises, de nombreuses chansons de Blaoui et a fait vibrer le public avec des tubes comme Ida kane essaad ya Messaoud, Shab el baroud, Rani M'hayar, ou encore Serredj ya fares, Fi Wahran sakna ghezali, Djar aliya el hem et Touil Erragba du poète cheikh Abdelkader El Khaldi. Pour Baroudi Benkhedda, Blaoui était un «virtuose qui avait réussi à chanter le melhoun dans un style moderne. A 17 ans, il était déjà chef d'orchestre. C'est une référence». L'universitaire Hadj Meliani, qui s'intéresse à son œuvre, a soutenu que Blaoui «est le fondateur de la chanson oranaise moderne marquant les XXe et XXIe siècles. C'est aussi une école qui a beaucoup formé». Pour Kouider Berkane, musicien et chef d'orchestre bien connu, Blaoui Houari est «l'un des géants de la chanson et musique arabes», précisant à l'APS que le défunt «avait côtoyé plusieurs générations et jouissait d'un immense respect de la part de ses pairs et du public. Grand artiste, il s'est adapté très facilement à la nouvelle mouvance musicale. Il aimait les bons musiciens, quelque soit leur style». Bey Bekkaï, musicien et chef d'orchestre, affirme quant à lui que Blaoui Houari «est le père spirituel de la musique et de la chanson oranaises. Il avait beaucoup travaillé et avait beaucoup d'amour pour son pays». Et d'ajouter : «C'est un militant du Mouvement national durant la période coloniale et un moudjahid parmi tant d'artistes algériens ayant contribué, durant la Révolution de Novembre 1954, à la prise de conscience nationale.» «C'est un grand honneur pour nous les artistes que son nom soit donné à l'école de musique d'Oran», a-t-il souligné.