Les difficultés récurrentes dans lesquelles se débat le secteur public économique portent les stigmates d'une gestion politique des plus hasardeuses des gouvernements successifs depuis longtemps. Aujourd'hui encore, rien n'indique que la volonté du gouvernement existe pour se défaire de ce lourd dossier, qui grève le Trésor public et maintient aussi bien ces entreprises que les dizaines de milliers de travailleurs qu'elles emploient dans une précarité permanente. On ne lui connaît pas encore de position franchement affichée permettant de trancher la question en faveur d'une solution ou une autre. La preuve ? Une entreprise comme l'Eniem, dont on pensait peut-être à tort qu'elle avait fini par trouver une solution à ses déboires parce qu'elle avait eu une écoute attentive des pouvoirs publics ces derniers mois, sur fond d'engagements de ministres et autres responsables économiques concernés pour régler définitivement le problème, se retrouve à nouveau empêtrée dans l'engrenage de la cessation d'activité à cause de ses dettes, dans un silence général des plus assourdissants. Voilà un problème qui resurgit pour la énième fois, qui contraint l'entreprise à l'arrêt et ses milliers de travailleurs au chômage technique, dans une ambiance qui rappelle à beaucoup d'égards celle plus générale du pays prévalant à la veille des choix politiques douloureux à la fin des années 1980. En l'occurrence, il s'agit de savoir ce qu'il y a lieu de faire de ces milliers d'entreprises qui n'arrivent pas à se faire une place sur le marché, en dépit des fonds massifs injectés par le Trésor public, alors que par ailleurs elles laissent à chaque fois une lourde ardoise auprès des banques publiques qu'elles ne sont pas en mesure de rembourser. Car l'Eniem, bien loin d'être la seule dans ce cas, serait cet arbre qui cache la forêt. Le cas Eniem serait-il révélateur des possibles tergiversations au sommet de l'Etat au sujet de l'avenir de ces entités étatiques ? Serait-ce l'expression d'un immobilisme politique faute de savoir leur définir un avenir aussi dans le giron de l'Etat ou dans la privatisation ? Il s'agit d'autant de questions qui gravitent autour de ce lourd dossier qui pourtant semble être au cœur de la réflexion politico-économique. Devant la rareté des ressources financières, aggravée par les conséquences dramatiques de la pandémie dont il reste encore à chercher la porte de sortie et à évaluer bien sûr les dégâts sur notre économie, le secteur public économique restera pourtant ce sujet dont on ne pourra pas se permettre le luxe de différer l'examen. L'Exécutif a, certes, à chaque fois tenté d'évoquer du bout des lèvres le sujet des privatisations comme étant un axe de son programme des prochaines réformes annoncées, mais force est d'admettre que la partie est loin d'être une sinécure. D'autant que de telles transactions soulèvent généralement un enjeu politique majeur. Une exigence de transparence et un niveau de consensus élevé pour ne pas aggraver les tensions politiques et sociales qui ne sont déjà que trop vives. Advertisements