Se sustenter à l'eau de source. L'idée n'est pas si farfelue que cela. Encore moins une lubie. Surtout quand l'eau du réseau public suscite des doutes quant à sa potabilité et alimente les craintes sur ses probables effets délétères sur la santé. Dans la région de Seddouk et bien d'autres localités de la Soummam, le recours à la consommation de l'eau de source est largement ancré dans les habitudes du commun des citoyens. «Nous n'avons jamais eu droit à une eau digne de ce nom dans nos robinets. Auparavant, c'était l'eau de la nappe phréatique pompée de la Soummam, dont la qualité laissait à désirer. Depuis notre alimentation par le barrage Tichi Haf, l'eau est encore plus exécrable. A telle enseigne que personne ne se hasarde à la boire», témoigne un résident de la cité Berkani, situé dans l'agglomération du chef lieu communal. «L'eau du réseau est réservée pour le ménage, la vaisselle et la lessive», ajoute-t-il. Abondant dans le même sens, un autre citoyen tranche dans le vif : «L'eau de Tichi Haf est impropre à la consommation. Quand elle est disponible, les gens s'en servent pour laver les trottoirs et arroser les espaces verts. Pour les besoins de la boisson, ils préfèrent acheter de l'eau de source ou, à défaut, de l'eau embouteillée». Un père de famille habitant à la périphérie de la ville pointe une eau «de piètre qualité organoleptique». «Nous n'avons ni la qualité ni la quantité suffisante pour faire face à nos besoins quotidiens. Heureusement que les revendeurs ambulants nous viennent à la rescousse», souligne-t-il. Nombre de citoyens conviennent volontiers ne pas pouvoir se prononcer sur la qualité bactériologique de l'eau du robinet, que seules des analyses de laboratoire peuvent apprécier. Néanmoins, ils clament que le liquide n'est ni incolore, ni inodore. «Les normes de potabilité sont souvent absentes, car l'eau est soit turbide ou alors limpide mais avec des relents de javel et un arrière goût de chlore», soutient un citoyen du village Takaâts, sur les hauteurs de Seddouk. Les vendeurs ambulants qui arpentent les villages et quartiers à bord de leurs camions-citernes, vantent une eau de source «naturelle, fraîche et désaltérante». Une formule aux allures de réclame qui fait visiblement mouche. «A force de proposer une eau de qualité et à prix cassé, je suis parvenu à fidéliser une clientèle et à élargir le cercle des consommateurs de cette eau de source», soutient un vendeur itinérant. Advertisements