Les habitants de Boumerdès subissent un vécu extrêmement stressant. Ils sont contraints aux files d'attente pour des produits de base. Les "chaînes", comme on les appelle communément, sont observées dans chaque quartier du chef-lieu. Ailleurs, le même phénomène est reproduit. Ainsi, les sources d'eau sont prises d'assaut dès les premières lueurs du jour jusqu'à tard le soir. C'est à bord de véhicules, de camions et de tracteurs que, désormais, les citoyens de la ville et de ses environs remplissent leurs jerricans, fûts et bouteilles en plastique, voire même des bassines. Ce n'est pas tant parce que l'eau n'est pas du tout disponible mais parfois c'est à cause d'un réseau défectueux, de l'éclatement d'une conduite vétuste ou malmenée par des travaux. L'intervention des services de maintenance de l'ADE tarde souvent. Résultat : absence d'eau durant des jours contraignant les citoyens à des files d'attente devant les points d'eau publics. Un autre liquide est très recherché : le lait en sachet. Au centre-ville, le point de vente de l'Onalait de Boudouaou affiche une image désolante. Le camion chargé de la livraison-vente n'a pas d'heure. Les citoyens sont rangés en file à partir de 8h30. À 11h30, ledit camion n'était pas encore arrivé. Pourtant, l'usine de Boudouaou n'est qu'à une dizaine de kilomètres. À la poste, le même phénomène se répète. Néanmoins, il a grandement diminué par rapport aux mois précédents où la liquidité faisait défaut. «Les distributeurs ne sont pas assez alimentés. On doit faire plusieurs postes pour en trouver un de fonctionnel. D'autres fois, on forme une chaîne dans l'attente que le Dab soit approvisionné», nous explique un citoyen. Autre fait, nouveau celui-là, des clients sont agglutinés à l'extérieur des pharmacies. De simples médicaments, comme Calcibronat, manquent et obligent le citoyen à des recherches souvent infructueuses. Que dire alors des produits pharmaceutiques plus importants à l'exemple de ceux indispensables comme Lovenox. Certes, des officines font respecter scrupuleusement le protocole sanitaire qui consiste à ne faire entrer que deux clients à la fois, mais à l'extérieur, aucune observance n'est de mise. Le pain, lui aussi, manque. Avant même la rumeur sur un manque possible de farine, des files d'attente ont été observées un peu partout à travers la wilaya. Un boulanger nous a confié : "A midi, je ferme parce que tout le pain est- vendu." En ces temps de pandémie, il est difficile de demander au citoyen dans une file d'attente de marquer la distance nécessaire. De plus, dans de nombreux cas, ces chaînes auraient pu être évitées avec un bon sens d'organisation et de protection : régler rapidement les problèmes de distribution de l'eau, livrer le lait suffisamment et à une heure précise, recevoir les dossiers selon un programme bien établi et avec des aménagements de réception garantissant la dignité du citoyen, alimenter régulièrement les distributeurs et multiplier les points de vente, de réception et de prise en charge. Advertisements